[VISITE] Biennale Internationale Design Saint-Étienne 2025 : Ressource(s), Présager demain

28 mai 2025 /
Pas encore de commentaires

Du 22 mai au 6 juillet 2025, la Biennale Internationale Design de Saint-Étienne s’affirme comme un laboratoire de réflexions et d’expérimentations autour du design et de ses liens avec les ressources, dans un monde en profonde mutation. L’édition 2025 se déploie autour du thème « Ressource(s), Présager demain », explorant les enjeux géopolitiques, écologiques et culturels de notre époque, tout en offrant une plateforme unique pour les créateurs du monde entier.

Zoom sur les expositions majeures

Qui êtes-vous Raymond Guidot ?

Commissaire et scénographe : Nestor Perkal

L’exposition rend hommage à Raymond Guidot (1934-2021), figure majeure du design français, historien, enseignant et designer. Véritable passeur de savoirs, Guidot a inscrit le design au cœur des débats politiques et sociaux grâce à son travail au Centre de création industrielle et à ses publications, notamment « Histoire du design, 1940-1990 ».

Cette exposition dévoile ses archives personnelles : dessins, photographies, maquettes et prototypes, pour reconsidérer la notion même d’archive comme ressource précieuse du design. Intéressant aussi de découvrir que derrière le théoricien, historien et enseignant, se cache un designer, que beaucoup d’entre vous découvraient avec par le biais de nos images — de la journée presse, sur Instagram —.


Le droit de rêver

Commissaire : Éric Jourdan
Scénographe : Joachim Jirou-Najou

Inspirée par la pensée de Gaston Bachelard, cette exposition met en lumière 16 workshops réalisés avec les étudiants de l’École supérieure d’art et design de Saint-Étienne. Ces ateliers sont conçus comme des espaces de liberté et de créativité, invitant à « rêver le monde » au travers de créations surprenantes : des kimonos transformés en nappes de pique-nique, des typographies hors charte… Un manifeste poétique pour le droit au rêve.


En relief, créer en Arménie

Commissaires : Jean-François Dingjian, Eloi Chafaï et Nairi Khatchadourian
Scénographie : Normal Studio

Cette exposition fait dialoguer le passé et le présent de la création arménienne. À l’heure où Saint-Étienne se jumelle avec la ville de Kapan, les œuvres d’une quinzaine de créateurs — dont Sargis Antonian, Noro Khachatryan ou Ariga Torosian — révèlent comment le territoire, avec ses histoires et ses matières, nourrit l’imaginaire. Un hommage est également rendu à deux figures modernistes, Hripsime Simonyan et Kamo Nigarian, pionniers du design en Arménie.


Faire encore, AD•REC

La conférence Art Design Recherche (AD•Rec) 2025 s’invite dans la Biennale avec un colloque et une exposition, donnant la parole aux enseignants-chercheurs des écoles d’art et de design du monde entier. Leurs propositions plastiques explorent la transition et les « façons de faire » de demain. Avec un conseil scientifique composé de figures telles que Nicolas Bourriaud ou Sophie Pène, cet événement interroge la création comme levier d’adaptation et de résilience.

[VISITE] Biennale Internationale Design Saint-Étienne 2025 : Ressource(s), Présager demain


Ressource(s), Présager demain : les neuf sections phares

L’exposition centrale se déploie en neuf sections, chacune mettant en lumière une facette des ressources contemporaines. Chaque section est conçue comme une constellation de projets, témoignages d’expériences issues de la création et de la recherche dans les écoles d’art, d’architecture et de design :

1️⃣ Déjà-là

Dans cette section, la commissaire Anna Saint Pierre met en lumière les ressources issues du passé et de l’existant. Elle propose une réflexion sur la réutilisation de matériaux et de sites oubliés, interrogeant la mémoire des lieux et la circularité. À travers des projets qui détournent les cycles classiques de création/destruction, « Déjà-là » questionne comment les traces du passé, des terrils miniers aux friches industrielles, peuvent devenir les fondations de nouvelles créations. Cette approche résonne particulièrement avec la notion de résilience urbaine et la préservation du patrimoine.

2️⃣ Terres promises

Isabelle Daëron explore les relations entre le design et la terre – matière première, ressource et territoire. Elle rassemble des projets qui questionnent l’extractivisme et imaginent de nouveaux modes de production durable, en redonnant un rôle sacré à la terre. Des prototypes de cloisons en terre crue aux tapis tissés à partir de déchets plastiques, cette section ouvre un dialogue fertile entre savoir-faire ancestraux et innovations responsables. Les designers y révèlent la terre comme un socle d’habitabilité à réinventer.

3️⃣ Le devenir industriel

Sous la houlette de Frédéric Beuvry, cette section interroge le design industriel dans un contexte de transitions. Elle met en lumière la capacité du design à générer des réponses sensibles et durables, en s’appuyant sur des collaborations entre designers et entreprises. Les projets présentés, tels que la tente non teintée de Decathlon ou le serveur solaire EDF Pulse Design, montrent comment la sobriété et l’efficacité deviennent les nouvelles valeurs de l’industrie. Le design y apparaît comme un levier pour concilier performance technique et responsabilité sociale.

4️⃣ Minimum / Maximum

Le studio natacha.sacha (Natacha Poutoux et Sacha Hourcade) signe cette section en explorant la quête d’équilibre entre minimalisme et performance. Leurs sélections revisitent l’héritage du Bauhaus et l’idéologie du « Less is more » en l’adaptant aux défis actuels. Elles montrent comment l’économie de moyens et la fonctionnalité ne sacrifient pas la désirabilité, de la chaussure démontable de Camper au grille-pain réparable de Zixuan Zhou. Un manifeste pour un design épuré, ancré dans la durabilité.

5️⃣ En mode hybride

Laurent Massaloux propose un voyage au cœur de l’hybridation, cette capacité à fusionner des matériaux, des fonctions ou des technologies pour inventer des usages nouveaux. Véhicules combinant vélo et voiture, poêles à bois intégrant des pierres locales, ou encore combustibles esthétiques… cette section célèbre la créativité qui émerge des alliances improbables. Elle révèle un design qui s’appuie sur la robustesse locale et la précision high-tech pour imaginer un monde plus agile.

6️⃣ Créer avec l’IA

Avec Étienne Mineur comme guide, cette section interroge le rôle des intelligences artificielles dans la création. Les projets présentés explorent les collaborations homme-machine, entre inspiration algorithmique et savoir-faire humain. Des affiches générées par l’IA de GPT-3 aux collections de mode co-créées, cette section questionne les enjeux éthiques et esthétiques de ces nouvelles frontières. Elle invite à dépasser la peur de la machine pour y voir un levier créatif inédit.

7️⃣ Le design des communs

La commissaire Sylvia Fredriksson met en avant la notion de communs, ces ressources partagées qui redessinent les rapports entre citoyens, institutions et milieux. Les projets exposés réinventent la gouvernance et l’usage des ressources : de la cartographie citoyenne à la diplomatie climatique, le design devient un outil d’émancipation sociale. Cette section montre comment la coopération et la mutualisation sont des réponses fortes aux crises écologiques et sociales.

8️⃣ Design climatique

Philippe Rahm propose une approche pragmatique et poétique des enjeux climatiques. Dans un monde où le confort thermique est souvent tributaire d’énergies fossiles, il invite à reconsidérer la valeur thermique du design et à renouer avec la matérialité des habitats. Rideaux évaporatifs, chaises imprimées en modules convectifs ou rénovation low-tech : les projets présentés repensent la décoration intérieure comme un levier climatique. Une ode au potentiel du design pour imaginer un confort respectueux de la planète.

9️⃣ Les autres vivants

Enfin, Marlène Huissoud nous invite à élargir notre regard au-delà de l’humain. Cette section explore la coopération avec les insectes, les végétaux, les micro-organismes et tout le vivant qui nous entoure. Des objets façonnés par le mycélium aux hôtels à insectes en céramique, les designers y célèbrent la complexité et la puissance des écosystèmes. Ils suggèrent que la régénération du monde ne peut advenir qu’en renouant avec ces formes de vie, pour un design qui se pense comme acteur du vivant.

L’ambition du beau au Musée d’Art et d’Industrie

Le Musée d’Art et d’Industrie de Saint-Étienne rejoint la Biennale avec un parcours qui interroge la quête du beau à travers les arts décoratifs, les arts appliqués et l’industrie. À partir de ses collections — armes, cycles, rubans —, le musée questionne la beauté comme ressource inépuisable, moteur de progrès et de désir.


Nos pieds d’argile de matali crasset

Cette exposition-manifeste conclut un projet de trois ans mené au Site Le Corbusier de Firminy. Avec ses « scénarios de vie », matali crasset propose des architectures démonstratrices et des récits prospectifs, pour repenser l’habitabilité à l’ère de l’urgence écologique. Le visiteur est invité à dépasser le constat d’un monde en crise pour imaginer, expérimenter et partager d’autres façons d’habiter la Terre. On vous en parle plus longuement dans un article dédié, juste ici.

Retrouvez notre 1er article sur cette visite par ici


Banc d’essai

Depuis 2015, Banc d’essai est devenu un rendez-vous incontournable de la Biennale, un véritable laboratoire de design urbain et un révélateur de talents. Il offre l’opportunité à des designers, en particulier des jeunes issus de l’Ésad Saint-Étienne, de collaborer avec des entreprises locales pour réinventer le mobilier urbain, à partir des ressources et savoir-faire spécifiques de ces entreprises. Pour cette 5ᵉ édition, le thème retenu est le banc public, symbole d’hospitalité et de sociabilité. Utilitaire et poétique, le banc est repensé dans une logique d’économie de matière, de réparabilité, de modularité des usages et de recyclabilité.

Six duos formés par des designers et des entreprises régionales présentent leurs prototypes sur la Place Waldeck Rousseau de Saint-Étienne, ainsi que dans six autres communes de la Métropole. Véritable terrain d’expérimentation, Banc d’essai a ainsi permis à de nombreux objets urbains de passer du statut de prototype à celui de référence dans les catalogues de mobilier urbain, tout en ouvrant des pistes innovantes pour penser la convivialité et l’inclusion dans l’espace public.


Man made par Erwan Bouroullec & la sélection de designers de la Galerie Surface

La Galerie Surface expose dans deux lieux, dont la vitrine de l’adresse de l’association. Y sont exposés deux pans de la pratique de Erwan Bouroullec, entre production industrielle et artisanale. Un dialogue intéressant, particulièrement ancré dans l’époque.
En exclusivité, on vous emmène dans le second lieu, le bâtiment administratif de l’hôpital de la charité… En 1929, face au délabrement de la Charité, le conseil des Hospices civils de Saint-Étienne décide de créer un immeuble administratif. Dessiné par l’architecte Lasserre, le bâtiment est flanqué de deux ailes accueillant des commerces en rez-de-chaussée et des logements pour les vieillards indigents et les petits rentiers. En 1933, la décoration de la salle de réunion est confiée au peintre Maurice Denis, membre du mouvement Nabi. Réalisées à Saint-Germain-en-Laye puis marouflées sur place, ses toiles constituent l’un de ses derniers grands ensembles et témoignent d’un art au service de la collectivité et de la mémoire des lieux. Ici, sont exposés plusieurs designers émergeants, à découvrir sans tarder ! On ne vous spoile pas tout…


On s’y croise ? 

La Biennale 2025 de Saint-Étienne déploie un écosystème créatif où chaque exposition, chaque section, devient une « ressource » pour imaginer un futur plus attentif aux territoires, aux matériaux et aux humains. Avec ses multiples regards, la Biennale propose un design à la fois prospectif et profondément ancré dans les réalités sociales, un design qui « présage demain ».

© Matthieu Coin

En savoir plus sur la biennale : Biennale Internationale du design (voir le site officiel)

by Blog Esprit Design


Gallerie (42)

ImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImage
À propos de l'auteur
Image
Matthieu Coin
Freelance en création de contenu chez 
matthieucoin.com

Laisser un commentaire

Ne manquez pas les actualités design
Dans le même rayon
À découvrir aussi

Annonces

Ne manquez pas les actualités design
Image