La revue d'architecture et de design
Jean-Sébastien Blanc, le troll du design (et co-fondateur du studio 5.5 )
Dans sa bio Insta, Jean-Seb donne le ton. On connait ceux qui sont en quête de beau, ceux qui cherche à donner du sens. Lui est en quête de «Beau sens », une formule qui s’accompagne de l’emoji terre. ? On a piqué votre curiosité ? Partons à sa rencontre !
Jean-Sébastien Blanc, c’est l’un des 4 visages des 5.5 à leur création, parmi lesquels on trouve également Vincent Baranger, Anthony Lebossé et Claire Renard ! Davantage définis par l’esprit du collectif, ceux que l’on a toujours appelé les 5.5 designers, ont très vite fait parler d’eux par leur approche globale et décalée du design.
Ils ont travaillés pour différentes collectivités (La Grande Motte, villes de Paris ou Montpellier), mais aussi de nombreuses entités privées comme Dacia, Ricard, ou encore Veuve Clicquot. Un succès qui n’efface pas le projet que l’on a tous en tête, et que vous retrouvez instantanément si vous tapez “5.5 designers” dans un moteur de recherche : réanim, la médecine des objets. Un projet aussi percutant qu’esthétique, dont le but est d’offrir des prothèses aux objets, comme on le fait pour les humains.
Dans la même veine, les très iconiques verres Duralex étaient passés par leur studio pour s’offrir une cure de jouvence à base d’objets dits “add-on”, qui s’ajoutent à l’objet d’origine, ici le verre, pour en transformer la fonction. Rangement de quincaillerie, cloche, mangeoire à oiseaux, taille-crayon, ou encore support pour faire germer un avocat, tout y est !
On vous passe les projets des 5.5, pourtant souvent très pertinents, que vous retrouverez ici ; parlons de Jean-Sébastien Blanc, dont vous avez peut-être vu passer les trolls sur les réseaux sociaux. Certains se sont d’ailleurs demandés si Tefal avait vraiment sorti cette poêle “PFAS FREE”, se questionnant même sur l’endroit où il était possible de se la procurer. Un brin provocateur, Jean-Seb accompagne l’image de la légende suivante :
“Suite au scandale sanitaire autour des polluants éternels présents dans les revêtements anti-adhésifs des poêles, je suis fier d’avoir accompagné la marque Française @tefal_france pour développer cette première poêle à crêpes de la marque sans aucun PFAS. Le début d’une nouvelle ère industrielle pour le @groupeseb
En acceptant de faire exister cette poêle en acier blanc et de retirer toute forme de substances chimiques per- et polyfluoroalkylées ( il en existe plus de 10000) le groupe SEB témoigne de sa prise de conscience et de son engagement pour la santé des ses consommateurs. Un acte concret qui prouve sa capacité à se réinventer en intégrant les enjeux environnementaux.
C’est bien entendu une énorme satisfaction de constater que le design est bien là pour accompagner ces changements qui sont souvent de l’ordre du bon sens, bien plus que de l’esthétique.
Poêle Tefal PFAS FREE – 2025
Tôle d’acier revêtue de cire d’abeille
Diamètre 26cm
Compatible induction
Anti adhérence naturelle par culottage progressif.”
La description idéale, d’un monde idéal, dans lequel… nous ne vivons pas !
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Par ailleurs, en attendant la prise de conscience par l’industriel qu’il appelle de ses vœux, le designer conseille de jeter les poêles usagères, ou d’en faire des tabourets ! La preuve en image :
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Même sujet pour ce produit Ikea, avec les mêmes codes marketing que ceux utilisés par la marque, avec nom scandinave appelant au voyage et à une authenticité toute relative. Ici, Gratïs vend l’idée de pouvoir s’assoir de la manière la plus économique et écologique.
C’est aussi dans la rue que Jean-Seb détourne, offre son œil aux déchets pour qu’ils puissent offrir à ceux qui les ignoraient en passant à côté une vision nouvelle, celle d’une possibilité, de l’opportunité de répondre à un usage tout en offrant une forme d’esthétique. C’est souvent par simple assemblage, que la fonction se dessine. Si le geste est d’abord provocateur et de l’ordre du concept, on imagine que ces assemblages urbains peuvent aider les passants à se projeter dans une démarche de récupération, pour cet usage ou pour une autre.
La chaîne franco-allemande Arte a d’ailleurs récemment suivi le designer dans ses balades urbaines. Un épisode Arte Tracks intitulé Troll design : joindre l’utile au désagréable, à retrouver en replay :
Le reportage revient également sur le travail du designer-plasticien opérant entre rock’n’roll et surf, Luca Lecacheur.
Son créneau ? Rejeter la modernité, insulter la tradition. Rien que ça ! Et il s’en donne les moyens, en produisant des planches à l’opposé de ce qui est aujourd’hui fabriqué par les industriels ; une production qu’il trouve lisse, sans âme, et déconnecté du plaisir hasardeux de la glisse telle qu’il la conçoit. En résulte des planches déroutantes, parfois très dangereuses.
Il est aussi question de l’artiste, se définissant comme “pas designer”, Camille Ménard. Elle interroge sur notre relation à notre propre égo, avec un miroir qu’il est nécessaire d’amener au niveau de son visage par des anneaux reliés à des contrepoids, mais également à notre relation à la technologie mobile avec des batteries portables emprisonnées dans un énorme boulet. Une approche vertigineuse, le tout pourtant visuellement ludique, et volontairement accessible à tous.
On vous laisse méditer sur tout ça, et pour suivre les projets plus ou moins trollés de Jean-Sébastien Blanc, c’est par ici !