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INTERVIEW : Troels Flensted Talent à la carte M&O
Retour sur le salon Maison et Objet de janvier 2016 avec notamment la découverte d’un de ses jeunes Talents sélectionnés : Troels Flensted représentant du Design Danois et sa collection de tables « Poured ».
C’est avec enthousiasme que nous l’avons rencontré et que Troels a répondu à nos questions.
– Troels, d’où viens-tu ?
En 2014, j’ai été diplômé de Central Saint Martins à Londres. Après ça, ma petite amie (ayant également étudié à Londres) et moi même sommes revenus au Danemark et avons ouvert un studio avec 4 autres designers dans un ancien entrepôt à Nordhavn à Copenhague.
– Comment es-tu entré dans le monde du design et quelle a été ton évolution dans ce milieu là ?
Je ne sais pas exactement, je pense que j’ai toujours été un « solutionneur » de problèmes qui tentait de savoir s’il était possible de faire les choses différemment et d’une meilleure façon.
Au début, la plupart de mes projets étaient principalement basés sur les aspects fonctionnels du Design. Mais je me suis vite rendu compte combien il était intéressant de combiner fonctionnalité et beauté.
– Aujourd’hui, quelles sont tes valeurs en terme de conception ?
Désormais, tous mes projets tournent autour des matériaux et je me suis retrouvé dans le travail d’objets à grande surface. De cette façon, le matériau utilisé peut réellement mettre en avant son caractère. Je puise mon inspiration dans les différentes possibilités esthétiques et non découvertes qui découlent de la combinaison des comportements des matériaux, des couleurs et des procédés de fabrication.
Mon travail est une conversation entre le matériau ou le processus de fabrication et moi-même. Par le jugement et l’ajustement des résultats, je cherche à trouver l’équilibre parfait entre le comportement du matériau et ma propre contribution.
– Concernant la fabrication de la collection « Poured », peux-tu nous en décrire le processus, étape par étape ?
La collection « Poured » est le résultat de plus de deux ans d’expérimentation et de recherche sur les matériaux. Elle représente la combinaison de poudre minérale, de polymère acrylique à base d’eau et de pigments, sous forme de mélange prêt à être moulé.
Les différents motifs colorés sont déterminés par la quantité de pigment qui est ajoutée au mélange et à la façon dont le mélange est versé dans les moules individuels. Les matériaux coulent ensemble et créent eux-mêmes le motif final : c’est ce qui est difficile à contrôler. Ce motif final, je le considère comme un “moment figé” parce qu’il capture le mouvement du créateur mais aussi l’écoulement des matériaux visuellement parlant. Chaque objet en est donc unique.
Lorsque nous parlons des tables de la collection « Poured », nous avons deux déclinaisons : la version « Coloured Air » et la version « Flecked » (Tachetée). Dans la version « Coloured Air », je cherche à mixer un grand nombre de bulles d’air dans le mélange à mouler puis, je les force à rester en surface. Au lieu d’essayer d’éliminer ces bulles d’air, je les laisse pour ensuite poncer la surface de manière à ce qu’elle soit lisse. Les petits trous des bulles d’air sont alors remplis d’une couleur contrastante afin de mettre en évidence l’« erreur » et la réaction des matériaux.
Pour la version « Flecked » (Tachetée), j’ai ramassé tous les déchets de la production des pièces de la version « Couloured Air ». J’ai brisé les déchets en éclats de très petite taille puis les ai triés par couleur. Les éclats de déchets de couleur similaire sont ensuite incorporés au mélange prêt à être moulé. La surface est après cela poncée pour révéler les tâches de couleur, entrainant des tables uniques où le déchet est devenu décoration.
– Quels sont les principaux obstacles que tu as rencontrés au cours de la fabrication de cette collection ?
L’un des problèmes reste le fait que j’ai créé à de nombreuses options permettant aux gens de choisir : les modèles sont tous si uniques et je dois sélectionner de nombreuses couleurs. Je voulais vraiment, à la base, créer une collection de pièces qui permettraient à chacun de trouver un objet qui lui parle vraiment, mais je me suis rendu compte, au final, que beaucoup de personnes trouvent le choix très difficile. Cependant, lorsque ces personnes ont fait ce choix, la pièce devient quelque chose d’unique qu’ils vont garder et chérir pendant longtemps. Pour moi, c’est cet aspect là qui est important, plutôt que le fait de faire le maximum de ventes.
Un autre problème rencontré, il y a un an et demi, lorsque j’utilisais une lame de mélange de mauvaise qualité. Je mixais beaucoup d’air dans ce mélange, puis je devais forcer toutes les bulles d’air à rester en surface, sinon le mélange serait trop aéré rendant la matière finale peut viable. Avec toutes ces bulles d’air à la surface, je me suis dis « Oh non ». J’ai de suite jeté la lame, poncé la surface et essayé de sauver le plâtre en remplissant les trous. Après le ponçage de la surface, j’ai tellement aimé le rendu que je suis allé à la poubelle récupérer la lame et depuis, je fais les tables de la Collection « Poured ».
– Avec cette collection, tu représentais le Danemark aux talents M&O 2016. Comment as-tu vécu cette expérience ?
Maison & Objet était une belle expérience. Représenter le Danemark comme Jeune Designer est vraiment quelque chose que je ne pensais jamais faire, j’en suis très honoré. J’ai parlé à beaucoup de personnes positives et intéressantes qui ont beaucoup aimé ma collection, et en tant que jeune Designer, je ne pouvais être plus heureux de leur enthousiasme. J’ai pris des commandes de boutiques venant des 4 coins du Monde, dont la France, et j’ai même rencontré de grandes marques avec lesquelles je suis susceptible de travailler.
C’était aussi ma première exposition en France, et même si je ne parle pas un mot français, outre « bonjour » et « merci », je suis parvenu à expliquer une grande partie de mon projet à des personnes dont l’anglais était aussi bon que mon Français (c’était assez marrant).
Dans l’ensemble je suis extrêmement reconnaissant pour cette expérience, et j’espère revenir bientôt sur Paris pour montrer un nouveau travail, en espérant que l’occasion se présentera.
– Désormais, comment vois-tu l’avenir ? Quels sont tes objectifs ?
De retour à Copenhague, je suis de nouveau dans mon studio. Je traite les commandes, réponds à des courriels et travaille ainsi sur de nouveaux projets. Il y a précisément un nouveau projet qui m’excite beaucoup : je vais collaborer avec Ragna Mouritzen, une artiste sculptrice danoise très talentueuse. Je suis impatient de bientôt travailler avec elle sur certaines sculptures.
Un grand merci à Troels et à sa courtoisie. En espérant avoir bientôt vent de ces nouveaux projets !
Plus d’informations sur le designer : Troels Flensted
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Vous avez une façon de vous exprimer qui relève autant de la beauté que de l’opacité. C’est dommageable…
Ce qu’on nomme la sérendipité pas anglicisme , pourrait être nommé la fortuité .C’est de façon large le rôle du hasard dans les découvertes, innovations, inventions et … dans le design qui navigue entre toutes ces choses scientifiques techniques et artistiques. Il faut aussi de la sagacité une qualité intellectuelle de vivacité et de finesse d’esprit, de perspicacité qui fait découvrir et comprendre les choses les plus difficiles, les plus cachées Ce n’est pas le fait du hasard pur. Il y a souvent un milieu, un contexte, une formation,un ecosysteme, un état d’esprit , une organisation qui la favorise. Beaucoup de createurs de concepts ou de choses, jouent la surprise d’un événement fortuit dans le paratexte( le texte autour du projet ou produit) pour renforcer leur posture de genius designer qui cache des inspirations, des referents cachés ou des desseins inavouables. Je pratique la transdisciplinarité , une attitude intellectuelle qui se situe à la fois entre, à travers et au-delà de toute discipline (universitaire) afin de comprendre la complexité des choses qui nous entourent sans trop les reduire par la description, ,l’interprétation, l’explication pour finalement éclairer l’objet par ses sources, par sa généalogie car rien ne nait de rien même le hasard…
Ce sont de très belles pièces qu’il produits là. Le plus intéressant ce sont les accidents de parcours qui lui ont permit de créer certaines pièces. D’où l’importance de se tromper. L’idée qu’il n’es pas une maîtrise totale sue le rendu final me plait beaucoup, le hasard fait parfois bien les choses.
Un designer d’aujourd’hui est un designer de process comme on dit à l’ensci les ateliers du concept, par un petit artisan peintre sur assiette …
This is very similar to traditional Romanian bowl painting
EN D’AUTRES TERMES troels-flensted est il peintre ou designer ou artisan ou les 3 comme semble l’induire ce triptiquemural et ces objets decoratifs plus proche de Zao Wou Ki que de Pollock? Question a un déco designer d’espace. J’ai un tableau de ZaoWou Ki chez moi puis je mettre dessous un cendrier de troels-flensted dessous ou est ce too much ? https://s-media-cache-ak0.pinimg.com/736x/5b/c7/af/5bc7afae40372a7d0a58ac7278e363ad.jpg
VOIR OU NE PAS VOIR LE DESIGN EN PEINTURE, THAT IS THE QUESTION ?Le cendrier de Troels Flensted est actuellement vendu par la boutique du musée New Yorkais, le MOMA store qui sert souvent de reference à toutes les boutiques de musées de design du monde. Il n’est pas encore exposé dans la collection permanente de design du MOMA…. à côté du peintre américain Jackson Pollock ou du peintre chinois vivant en France Zao Wou Ki mais un commissaire d’expo, un curateur et un tendanseur de tango comme moi pourrait le faire… Cela me fait penser au tabouret L’ecume de Ferreol Babin. C’est ce que d’autres qualifient de design graphique ou le design de surface ou de design décoratif?http://kreatique.com/wp-content/uploads/2013/06/34_ferreol-babin-ecume-022.jpg