La revue d'architecture et de design
L’Incroyable par Gaya : quand le design industriel réinvente la mobilité urbaine

Je ne sais pas si vous vous souvenez, mais en 2023, je découvrais la joie du vélotaf et de la mobilité à la fois douce et dynamique au coeur de Lyon grâce à GAYA. (revoir le précédent reportage) Plus d’une année après cette belle découverte, la marque sort une toute nouvelle gamme, plus aboutie, plus harmonieuse, plus performante, plus confortable, bref plus attirante et je ne pouvais pas / plus résister. Me voilà nouveau propriétaire d’un Incroyable version courte ! Détrompez-vous, la version courte est déja longue et va confortablement vous permettre de pouvoir emmener un passager sans peine. Dans l’univers du deux roues, la concurrence fait rage mais la marque française garde son pas de côté, son avance en offrant bien plus d’un vélo, Gaya cultive un style de vie !
On vous emmène ? L’occasion également de vous faire un comparatif, avec notre regard, entre l’Original et l’Incroyable ! En selle !
Une approche résolument innovante
Repenser les codes du longtail
Le vélo longtail (style cargo), traditionnellement cantonné à une esthétique purement fonctionnelle, trouve ici une nouvelle expression avec style. L’équipe de design de Gaya a opéré un véritable travail de recherche, questionnant les proportions établies pour aboutir à une silhouette plus équilibrée. L’Original, avec sa « bouille » était attirante, mais ici, on gomme les aspérités, on ajuste le dessin, on renforce les lignes…
Le tout opéré grâce à un cadre en aluminium, avec des tubes plus saillants, un dessin qui modernise indéniablement l’ensemble. Plus tendu, plus contemporain, plus mature.
Le format « court » n’est pas qu’un raccourcissement : c’est une recomposition complète des masses. Là où les longtails conventionnels affichent souvent une disproportion entre l’avant et l’arrière, l’Incroyable Court tente l’équilibre parfait pour offrir des proportions parfaitement malléables dans son milieu naturel : la ville, mais pas que…
Clin d’œil aux nouveaux repose-pieds pour le passager adulte ; digne des plus belles motos routières (et encore !) ? On s’éloigne définitivement des petits cale-pieds simples, certainement moins durables (mais pliants ?) de l’Original ! Ici, robustesse et confort ultime sont de mise. A ce titre, les Poignées d’amour (comprendre poignée de maintien pour le passager ; oui c’est moins glam !) font toujours recette, et leur utilité toujours prouvée ! Le coussin s’affine, et devient déclipsable d’un simple geste (sécurisé pour autant), pour permettre de changer la philosophie du vélo en un clic.
Pour le/la pilote, les réglages sont à l’honneur ! Ici, on règle la selle (directement sur celle-ci (selle-si ?) pour ne pas encombrer le guidon de réglage superflu), avec une marge de 10 cm ! La potence est également entièrement réglable. Deux postes de réglages importants, si non capitaux, lorsqu’il s’agit d’un vélo partagé au sein du couple/de la famille. Un pas de vis permet de fixer un système type quadlock pour équiper le vélo d’un téléphone, compteur…
Cette harmonie des proportions s’inspire directement des principes du design automobile haut de gamme, où chaque ligne contribue à la cohérence d’ensemble, en prenant en compte le centre de gravité et la répartition pour une ou deux personnes. (sans même parler d’aérodynamise).
La géométrie comme langage
L’architecture du cadre révèle une approche géométrique repensée, les tubes principaux adoptent une section ovalisée qui combine performance et plus de raffinement. Cette géométrie n’est pas gratuite : elle répond à une logique de flux, réduisant la résistance à l’air tout en créant des jeux d’ombre et de lumière qui dynamisent la silhouette.
Le triangle arrière, zone souvent critique des autres modèles, fait l’objet d’un traitement particulier, les renforts, habituellement disgracieux, sont ici intégrés dans le design global, créant un motif qui rappelle les meilleurs exemples du design industriel contemporain.
Oui mais cela va permettre surtout d’intégrer un amortisseur à l’arrière, composé de deux pièces en PU de différentes densités et parfaitement dissimulé ; un atout de taille, qui s’ajoute à la fourche suspendue, et qui permet d’avoir un vélo tout suspendu, rareté absolue pour un vélo cargo ! Le confort sur les pavés, trottoirs n’en est que meilleur !
L’art du détail : matérialité et finitions
Une palette couleurs & matière réfléchie
J’avais la chance, lors du test de l’Original, d’obtenir la couleur Safran ; le nouvel modèle sera légèrement plus discret en optant pour une teinte Stone, ni grise ni bleu, qui évoque la pierre naturelle tout en s’inscrivant dans les tendances actuelles du design produit. Elle permet au vélo de s’intégrer harmonieusement dans l’environnement urbain sans pour autant s’effacer.
Une couleur se mariant parfaitement avec les accessoires, selles et poignées en cuir marron, ainsi que les pneus version blanche, signature de la marque, parés -détail oblige- de flans réfléchissants.
Les finitions métalliques, traitées dans un noir mat, créent un contraste subtil qui structure visuellement l’ensemble. Cette bichromie maîtrisée évite l’écueil de la monotonie tout en préservant l’élégance d’ensemble. On notera aussi l’intégration de pièces anodisée de renforcement du garde-boue avant par exemple, difficile à peindre ou simplement volonté de montrer la matière brute, des plus qualitatives.
Les points de contact : ergonomie et sensorialité
L’interface utilisateur fait l’objet d’une attention particulière, la console, épurée jusqu’à l’essentiel, adopte les codes du design numérique moderne. L’écran, discret mais lisible, s’intègre parfaitement dans l’architecture générale tout en étant plus lisible que celui de l’Original !
Le guidon, élargi et légèrement relevé, traduit une compréhension fine des usages urbains. Sa section, étudiée pour optimiser la prise en main, révèle un travail d’ergonomie poussé. L’ajustement en un seul geste de la hauteur et inclinaison du guidon est un véritable plus quand le deux-roues passent entre plusieurs mains. On règle souvent la selle d’une personne à l’autre, rarement le guidon car cela est souvent complexe alors qu’il impacte directement la posture et le confort. (hauteur, profondeur, inclinaison)
Innovation fonctionnelle et design thinking
La modularité comme principe
L’un des aspects les plus remarquables de l’Incroyable Court réside dans sa capacité à intégrer les accessoires sans altérer son identité visuelle, d’une version en mode « pièce rapportée », ici l’approche est globale, intégrée et maitrisée. Moins de câbles, moins d’accroches, moins de vis, moins d’éléments pouvant altérer la fluidité de l’ensemble.
Les points d’ancrage, dissimulés dans la structure, permettent l’ajout de sièges enfants ou de sacoches sans créer de parasite visuel. Cette discrétion technique témoigne d’une maîtrise avancée du design industriel, et d’une certaine maturité vis à vis la première version.
L’intégration technique au service de l’esthétique
La batterie amovible, intégrée dans le tube diagonal sous la selle, illustre cette philosophie. Son extraction, est simple, et sécurisée. Cette prouesse technique, souvent négligée dans le design de vélos électriques, devient ici un atout esthétique.
Si d’emblée on croit voir le pédalier entourer un moteur central, c’est là encore une belle astuce de design signée Gaya qui permet de centraliser l’électronique, pour des questions d’esthétique mais aussi de maintenance !
L’impression de pleine puissance à chaque démarrage est flagrante !
Une vision prospective de la mobilité urbaine
Positionnement et stratégie de marque
L’Incroyable Court s’inscrit dans une démarche de premiumisation, cette montée en gamme ne se limite pas au tarif : elle traduit une vision mature du marché du vélo urbain, où la qualité perçue devient un critère déterminant mais surtout la durabilité, le confort et la sécurité. Les points forts de la V1 sont encore bien là, klaxon, feu avant & arrières + clignotants offrant les attributs des scooters ou autres enjeux motorisés.
Cette stratégie rappelle celle adoptée par les marques automobiles, où l’excellence du design justifie un positionnement fort où innovation et est au cœur de la stratégie. Gaya semble avoir compris que le vélo urbain pouvait accéder à ce statut d’objet désirable, au-delà de sa seule fonction utilitaire !
L’impact sur l’écosystème design
L’Incroyable Court pourrait bien marquer un tournant dans l’approche design des vélos urbains. En démontrant qu’il est possible d’allier performance, praticité et esthétisme sans compromis, il ouvre la voie à une nouvelle génération de produits.
Dans un contexte où la mobilité urbaine se réinvente, ce vélo propose une vision inspirante de ce que pourrait être le transport du futur : intelligent, durable et désirable. Une leçon de design appliqué qui mérite l’attention de tous les professionnels du secteur.
Pour ma part, en utilisation depuis plus d’un mois au quotidien dans Lyon, sans surprise il change tout, confortable, dynamique, il va me permettre de naviguer dans Lyon rapidement en gagnant beaucoup de temps vis à vis des transports en communs.
Seul ou accompagné il semble agrandir la ville, tout est proche et accessible, rapidement, facilement et sans contrainte…
Il serait difficile de s’en passer maintenant, rendez-vous en hiver maintenant pour savoir si je tiens encore le même discours.
(oui le casque est arrivé entre temps)
En savoir plus sur la marque : GAYA
Article réalisé dans le cadre d’une collaboration – Merci à Matthieu pour les photos et jouer le jeu de confronter V1 et V2
Photos © Matthieu Coin