Pyri : quand design et biomimétisme inventent la pomme de pin high-tech

L’urgence climatique impose une réflexion aux designers, aux ingénieurs : comment imaginer des dispositifs efficaces, durables permettant de protéger nos écosystèmes ? A cela il ne faut oublier la partie esthétique, sensible, poétique et commercialisable… Pyri, fruit d’une collaboration entre Imperial College London et Royal College of Art, propose une réponse, une belle innovation qui se présente sous une sorte de « pomme de pin high-tech« , conçue pour détecter les feux de forêt dès leurs premières lueurs.

Une approche biomimétique au service de la prévention

La source d’inspiration de Pyri est interessante : certaines espèces de pommes de pin, dites sérotoniques, ne libèrent leurs graines qu’au contact d’une chaleur extrême. Ce phénomène naturel, connu sous le terme scientifique « pyriscence », a servi de base lors de la conception d’un capteur de feux de forêt activé par la chaleur, réalisé en matériaux organiques, biodégradables.

Pas forcément le partisans du tout connecté, mais face aux nombreux feux, qui se répètent année après année, il va être nécessaire d’imaginer des réponses : pour prévenir, pour former, pour sensibiliser, mais aussi pour détecter et traiter..

Simplicité, élégance et fonctionnalité

Le dispositif, baptisé PyriPod, épouse une forme inspirée des pommes de pin, la cire fait office de déclencheur : lorsqu’elle fond, elle libère une solution saline électrolyte qui active une cellule aluminium-air (alliée au charbon actif), permettant la génération d’un courant suffisant pour émettre un signal radio capté à plusieurs kilomètres.

Matériaux : cire, charbon, aluminium, cellulose, priorisant la non-toxicité et absence de métaux rares.
Déploiement : manuel ou aérien (hélicoptères), sans installation ni maintenance, envisageant une couverture massive des zones isolées, on pourrait venir les lacher rapidement dans des zones parfois inaccessibles.
Durabilité : les capteurs non déclenchés restent en veille dans la nature, ceux activés se consomment sans laisser d’impact.

Reste à connaitre la durée de vie, en mode veille afin de parfaitement valider le projet !

Une conception au cœur des enjeux sociaux et climatiques

Le projet Pyri ne naît pas dans un laboratoire isolé. Il est le fruit de plus de 20 entretiens avec des experts et des communautés locales (Jamaïque, Türkiye, Canada…) afin de répondre à des besoins concrets, souvent invisibles des systèmes high-tech existants.

Parmi les fondateurs Richard Alexandre, Karina Gunadi, Tanghao Yu et Blake Goodwyn, certains ont un lien personnel à la problématique : Alexandre a vu les ravages au Pantanal (Brésil) ; Gunadi a vécu l’angoisse d’un ciel orange à San Francisco pendant les incendies de 2020.

Distinctions et perspectives concrètes

Pyri a été distingué au UK James Dyson Award (2024), ce qui lui assure une dotation de 5 000 £ pour faire progresser les prototypes (Good Good Good). Elle a remporté également le Sustainability Award aux Core77 Design Awards 2024, le Social Impact 1er prix au Venture Catalyst Challenge de l’Imperial, et figuré dans les finales du Terra Carta Design Lab et du Fast Company Innovation by Design (James Dyson Award).

Plutôt qu’une « réponse absolue », Pyri illustre une approche réfléchie : un small design, low-tech, à fort impact, formulé pour s’intégrer, informer et protéger. À mi-chemin entre le dispositif d’alerte écologique et la poésie industrielle, Pyri incarne un chemin inspirant pour ceux qui veulent faire du design un médiateur entre la nature et l’avenir.