La revue d'architecture et de design
Washi No Akari : aux frontières sensibles de la lumière avec Maxime Prangé
Explorer la lumière autrement. C’est le fil conducteur du travail de Maxime Prangé, designer et photographe installé à Lyon, qui compose une œuvre à la croisée de l’objet, de l’espace et du sensible. Sa collection Washi No Akari propose une lecture poétique du papier washi, matériau traditionnel japonais, comme filtre, passage, seuil – mais surtout comme vecteur d’émotion lumineuse.
Un travail à retrouver sur la Paris Design Week, à la galerie Joseph au 116 rue de Turenne, du 4 au 9 septembre 2025
Une lumière à travers le seuil
Dans les pièces SEUIL, TORII et INDIGENCE, la lumière ne se contente pas d’éclairer : elle révèle. Elle filtre, traverse, se teinte, évoque, et parfois disparaît à la faveur de l’ombre. Chaque création agit comme un passage sensoriel, une invitation à ralentir et à contempler la lumière, ses teintes, ses reflets.. tout simplement !
La technique, l’innovation, sont synonyme de design mais il y aussi la valeur poétique, la sensibilité qui touche les humains que nous sommes et que nous resterons.
Les pièces SEUIL, notamment, sont conçues comme des cadres autoportants en noyer massif, dans lesquels se superposent deux paysages imprimés sur papier washi. L’un s’affirme, l’autre s’insinue. Le tout se diffuse dans l’espace avec une douceur évoquant les parois fusuma des intérieurs japonais traditionnels.
TORII : un portail vers l’imperceptible
Avec TORII, Maxime Prangé réinterprète le symbole architectural japonais du même nom : un portail marquant l’entrée d’un lieu sacré. Ici, ce sont deux cylindres de papier washi teintés à l’encre végétale qui s’enroulent autour d’un support en bois. Le premier se dévoile sous la lumière du jour, tandis que le second s’illumine de l’intérieur. Cette dualité crée un effet d’apparition subtil, où le paysage ne se donne jamais tout à fait.
Le jeu des matériaux (noyer, aluminium, papier, LED) reste minimal, mais chaque détail est pensé pour servir l’expression d’une lumière émotionnelle, loin des logiques purement fonctionnelles.
INDIGENCE : quand la fenêtre devient paysage
Avec INDIGENCE, la forme de la fenêtre devient centrale. Inspirée du panneau shoji, elle n’ouvre pas sur l’extérieur mais en suggère la présence, grâce au papier washi qui fait office d’écran poreux. Le résultat ? Un objet mural qui recompose le lien entre intérieur et extérieur, entre visible et invisible. C’est un paysage imaginaire qui prend forme, rendu vivant par la lumière qui le traverse.
Disponible en édition limitée, cette pièce exprime pleinement l’intention de l’auteur : faire de la lumière un langage affectif, presque spirituel.
Design d’atmosphère, objets manifestes
En filigrane, Washi No Akari traduit une quête : celle d’un design lumineux qui dépasse la technique pour toucher au sensible. Loin des luminaires standardisés, chaque pièce devient un objet manifeste, porteur d’un paysage intérieur à interpréter.
Ce travail s’inscrit dans une continuité avec les recherches de Prangé en photographie, où la lumière n’est jamais simplement matière, mais ressenti collectif et mémoire culturelle. Les pièces de la collection, toutes réalisées à la main dans son atelier lyonnais, témoignent d’un artisanat délicat et d’un respect profond pour les savoir-faire ancestraux japonais.
En savoir sur le designer : Maxime Prangé