La revue d'architecture et de design
Éclairage organique : des lampes-architectures faites de fruits et de déchets

Avec DOMUS POLPA, la designer Marion Gaudino, déjà passée sur BED (voir l’article), collabore avec Romane Poret pour une proposer une exploration autour de la forme, de l’architecture, du design… Plus contrairement, il ne s’agit pas de dessiner une lampe classique. Les cinq pièces de la série se présentent comme de petites maisons de lumière, des micro-architectures sensibles, douces, poétiques. Elles reprennent l’archétype du foyer : une base, une structure verticale, un toit. Un geste simple, mais chargé de symbolique, avec une recherche autour des matériaux et de la transparence…
Des lampes comme des abris sensibles
Chaque lampe devient un refuge lumineux, à la fois source lumineuse et poétique. Une poche discrète y permet de glisser un mot, une fleur, un objet intime. Ces créations s’inscrivent dans une temporalité courte, assumée : elles sont conçues pour accompagner un moment, pas pour défier les décennies.

Un bioplastique issu des déchets
Le cœur du projet repose sur un bioplastique expérimental, développé à partir de pulpes, d’écorces et de résidus végétaux, orange, betterave, banane, café… Des matériaux biodégradables, collectés localement, puis transformés sans additif chimique. Ce travail sur la matière renvoie à une réflexion plus large sur les cycles naturels et les temporalités du vivant. Un projet s’inscrivant dans notre série dédiée au nouveaux matériaux, à base de végétaux, de déchets, de légumes, fruits, résidus, noyaux…
Visuellement, le matériau offre une palette de textures étonnamment riches : souple comme un cuir végétal, parfois translucide, granuleux, ou rigide comme une feuille pressée. Les teintes varient selon l’origine organique : le rouge profond de la betterave, l’orangé vif de l’agrume, les bruns chauds du café ou de la peau de banane. Chaque lampe est donc unique, marquée par la matière dont elle est née.
Architecture lumière, matière vivante
Par leur forme géométrique et leur construction verticale, ces lampes évoquent de petites folies architecturales, presque naïves dans leur simplicité. Un clin d’œil, peut-être, à la maison primitive de Ledoux ou aux maquettes de villages utopiques.
Mais contrairement à ces monuments figés, DOMUS POLPA revendique l’éphémère. La lumière filtre à travers une peau organique, vivante, qui se patine, évolue, peut même disparaître. C’est un design humble, discret, loin des objets-totems. Il rejoint en cela les propos tenus par les créatrices dans leur manifesto pour une matière vivante :
« Il sent, il se décompose, il change de couleur, il respire comme nous ».
Vers un design régénératif
Présenté lors de la Maison&Objet 2025 dans le cadre de l’exposition Welcome Home imaginée par Amélie Pichard, le projet a séduit par sa cohérence : du processus de fabrication artisanal à la forme finale porteuse de sens, tout tend vers une démarche respectueuse des ressources, mais aussi des rythmes de la nature.
Avec DOMUS POLPA, Marion Gaudino et Romane Poret s’inscrivent dans un mouvement de fond du design contemporain, où l’objet ne se résume plus à son usage mais à sa relation au vivant, au geste et au temps.
Une lampe peut-elle vieillir, se transformer, s’effacer en douceur ? DOMUS POLPA invite à considérer cette possibilité, et à laisser entrer dans nos intérieurs une lumière qui n’est pas éternelle, mais profondément sensible.
En savoir plus sur les designers : Marion Gaudino, Romane Poret
By Blog Esprit Design














































