MIYUCA : quand les feuilles d’automne deviennent matériau de conception

Pour les designers, architectes, étudiants ou passionnés, chaque matière raconte une histoire. Chez MIYUCA, studio basé en Italie, cette histoire commence au sol, parmi les feuilles tombées, abandonnées, mortes.

C’est là que la créatrice Jasmin Castagnaro arrive, fondatrice du projet, en imaginant une collection où cette matière devient art, devient ressource, devient matière. Des collections, forcément saisonnières, où le feuillage automnal, ramassé, transformé et sublimé dans des objets aux textures organiques deviennent une signature.

Une démarche à la croisée de la poésie végétale et de l’innovation matérielle, qui fait écho à plusieurs explorations déjà évoquées sur le blog, notamment le travail de Alyssa Jos, qui elle aussi cherche à révéler la richesse du végétal en design.

Une matière précieuse, née de la nature

Intitulée Laab, un mot du dialecte du Tyrol signifiant « feuilles », la collection repose sur un processus à la fois simple et minutieux. Les feuilles sont récoltées après leur chute, triées selon leur espèce et leur teinte, puis associées à une résine bio-sourcée.

Une fois mises en forme à l’aide de moules en bois recyclés, elles deviennent des plaques translucides ou des éléments de mobilier qui conservent la texture naturelle de chaque feuille. Ce matériau, unique à chaque pièce, laisse passer la lumière, donnant vie à des objets presque vivants, en perpétuel dialogue avec leur environnement.

Objets, surfaces et scénarios d’usage

Les premières applications du matériau concernent surtout les luminaires : suspensions, abat-jour, appliques… Mais MIYUCA développe aussi des panneaux pouvant être utilisés comme cloisons décoratives, plateaux ou revêtements muraux.

Une édition spéciale, combinant feuilles, cristaux de sel et feuilles d’or, évoque une esthétique plus minérale et luxueuse, jouant sur les contrastes visuels entre opacité et transparence, matière brute et éclat.

Le tout s’inscrit dans une logique artisanale, où chaque pièce est fabriquée à la main, souvent en collaboration avec les utilisateurs, qui peuvent même proposer leurs propres feuilles ancrant ainsi l’objet dans une géographie ou une mémoire personnelle.

À la croisée du slow design et de la durabilité

Cette approche s’inscrit dans la continuité des matériaux alternatifs et recyclés souvent mis en lumière sur le blog, comme le projet ADAOZAN, qui transforme le marc de pommes en matériau pour la mode ou le mobilier, ayant la même approche et des rendus similaires.

MIYUCA ne cherche pas à produire en masse ni à standardiser. Le but est plutôt d’ouvrir des perspectives : et si le végétal n’était pas seulement un ornement, mais bien une matière structurante, narrative et sensorielle ?

Le slow design trouve ici une nouvelle interprétation : lenteur du cycle naturel, patience du geste artisanal, et réflexion sur notre rapport à la matière.

Ce matériau peut enrichir une ambiance intérieure, singulariser un objet, ou devenir la signature d’un espace, en apportant une part de vivant, même dans un contexte très contemporain.

Le projet MIYUCA incarne une façon sensible de faire du design, où le végétal n’est plus simplement décoratif mais pleinement fonctionnel, porteur de sens et de matière. Une invitation à voir différemment ce qui, trop souvent, est perçu comme éphémère ou inutile.

Dans la lignée de designers qui réenchantent la nature par la matière, comme Alyssa Jos, ou explorent les potentiels du recyclage comme ADAOZAN, MIYUCA nous rappelle qu’un matériau peut être humble, poétique, et pleinement adapté aux exigences du design contemporain.

En savoir plus sur la société : Miyuca

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By Blog Esprit Design