La revue d'architecture et de design
Coucou : quand la couture roule pour la réparation textile

La scène interpelle : une silhouette pédale, concentrée, pendant qu’une ancienne machine Singer vibre doucement sous ses mains. Pas de moteur, pas de branchement électrique. Juste un vélo, un peu de sueur, et beaucoup d’envie de faire durer les objets.
Bienvenue dans l’univers de COUCOU, une machine à coudre pas comme les autres, conçue pour remettre au goût du jour l’art de la réparation textile, à la croisée du design, du sport et de l’engagement environnemental. Et si la réparation, la machine venait à vous, par la route ? Imaginée par Pauline Landrieu
Une Singer de 1935 remise sur roue
Au cœur du projet, une Singer mécanique datant de 1935, remise en état et greffée au pignon d’un tricycle. Ce geste de transformation donne naissance à une machine hybride, autonome en électricité, mobile et interactive, capable de se déplacer sur les places publiques, les événements ou aux abords des infrastructures sportives. Le principe est simple : pédaler pour coudre.
Une manière physique et engageante de (re)découvrir la couture, tout en contribuant à une démarche circulaire.
Réparer, améliorer, personnaliser
Coucou invite à voir la réparation non comme un simple rafistolage, mais comme une forme de revalorisation. Les utilisateurs sont libres d’apporter leurs vêtements ou accessoires abîmés. Sur place, ils choisissent une chute de tissu issue des rebuts textiles de Décathlon, s’installent, pédalent… et réparent.
La diversité des textiles proposés, matières techniques, colorées, parfois inattendues, permet de créer de véritables hybridations textiles. Les pièces réparées gagnent en personnalité, parfois en performance. Une manière tangible de prolonger la vie des objets, tout en affirmant un style unique.
Une création qui attire l’oeil pour des activations, lors d’évènements par exemple et un bel exemple de croisement des univers. La machine, s’ajuste sur un système de caissons métallique de stockage et transformer le vélo en triporteur.
Un projet né de la recherche et du partenariat
Le dispositif a vu le jour dans le cadre de la Chaire Écodesign & Création (2022–2025) de l’École des Arts Décoratifs – PSL, en partenariat avec Décathlon. Ce contexte a permis une exploration en profondeur des enjeux liés à la réparabilité, à l’autonomie énergétique et à la désirabilité des objets réparés.
Le projet se distingue par une esthétique volontairement low-tech et un fort ancrage dans la culture du faire. Il réactive aussi une histoire oubliée : celle des machines à coudre embarquées, qui, dès le début du XXe siècle, accompagnaient déjà les artisans itinérants. Certaines images du portfolio révèlent d’ailleurs des références graphiques à ces dispositifs historiques, tout en leur donnant une lecture contemporaine.

Design d’expérience et activation urbaine
Coucou fonctionne aussi comme un dispositif performatif, créant une interaction entre l’objet, l’usager et l’espace public. L’acte de réparation devient visible, presque spectaculaire, au cœur même de la ville. Le projet interroge notre rapport aux objets, à l’effort physique, au temps et à la consommation.
Il y a là une véritable expérience de design, à la fois sensible, pédagogique et politique. Elle rend tangible l’idée qu’un autre rapport aux produits est possible : plus long, plus créatif, plus impliqué.
En savoir plus sur le projet : Pauline Landrieu





































































