La revue d'architecture et de design
L’ombre du pli : un paravent sculptural qui réinvente la lumière

À mi-chemin entre objet d’art et design, le paravent L’ombre du pli se devait de venir faire un tour sur BED pour dévoiler ses secrets ! Pièce repérée lors de la dernière Paris Design Week sur l’exposition Vivement Demain.
Conçu par Louis ESNAULT et Lisa COCHONNEAU dans le cadre de leurs projets de diplôme en DSAA Métiers d’Art, cette pièce associe savoir-faire verrier et approche architecturale.
Ce paravent n’a pas vocation à cloisonner. Bien au contraire, il joue avec nos perception, notre rapport à l’espace et à la lumière. À travers ses facettes en vitrail tridimensionnel, il suggère plus qu’il ne dissimule, déployant une forme de poésie translucide qui redéfinit les contours de son environnement.
On aime particulièrement la mise en avant des matériaux, de l’idée même de créer une pièce hybride, un paravent sans en être un, un lumière, sans source, une mise en beauté du métal, du verre, tel un vitrail, nous restons simplement à l’admirer. Chapeau.
Une relecture contemporaine du vitrail
Traditionnellement cantonné aux édifices religieux ou aux éléments décoratifs fixes, le vitrail trouve ici une nouvelle expression : libre, mobile, modulable. L’ombre du pli s’inscrit dans une démarche de réinterprétation de cette technique ancienne, en la projetant dans un langage résolument contemporain.
Le travail du verre float sablé, sertissage au cuivre et au plomb offre une matière bien vivante et projetée dans un nouvel environnement. En interaction permanente avec la lumière, les surfaces captent, diffusent et projettent des jeux d’ombres graphiques. Les lignes se prolongent au sol et sur les murs, créant un paysage visuel en perpétuelle évolution. Une expérience immersive, sensible, presque cinétique.
Un dialogue entre brutalisme et finesse
Le dessin du paravent puise son inspiration dans les codes du brutalisme, ses formes géométriques, les lignes nettes rappellent cette esthétique architecturale radicale. Pourtant, la pièce évite toute lourdeur grâce à la légèreté du verre et à la finesse de la structure en chêne, réalisée avec précision par Louis Esnault.
Ce contraste entre robustesse et fragilité, entre opacité suggérée et transparence maîtrisée, crée une tension visuelle captivante. Le paravent ne cherche pas à se fondre dans l’espace mais à en révéler les dimensions cachées, à travers le prisme de la lumière et du mouvement.
Une pièce forte pour penser la lumière autrement
L’ombre du pli s’inscrit dans le projet global Perception et perspective. Ce travail de recherche vise à reconsidérer la lumière comme matériau à part entière, et non comme simple phénomène lumineux. Dans cette optique, le paravent devient un outil de modulation, un filtre sensible qui invite à une lecture renouvelée de l’espace.
Chaque angle de vue devient une opportunité : nouvelles lignes, reflets changeants, perspectives démultipliées. L’objet devient acteur de son environnement, stimulant la perception et éveillant la curiosité.
Plus qu’un simple objet de séparation, L’ombre du pli propose une nouvelle manière de penser le mobilier : comme sculpture habitée de lumière, comme expérience sensorielle, comme réflexion sur la place du décoratif dans l’espace contemporain. Une pièce qui, tout en discrétion, capte le regard et engage le corps dans une exploration silencieuse de l’invisible.
©Louis ESNAULT ©Lisa Cochonneau – Photos réalisées au Palais d’Iéna – Auguste Perret, USFE, SAIF ou à la Galerie des Gobelins, Mobilier national
En savoir plus sur l’évènement : Paris Design Week
En savoir plus sur les créateurs : Louis ESNAULT et Lisa COCHONNEAU