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Small discoveries & Curiosity Cloud par Mischer’Traxler pour Perrier-Jouët
Le duo de designers Viennois Mischer’Traxler poursuit sa collaboration entamée au Design Miami 2014 avec la prestigieuse marque de Champagne Perrier-Jouët et propose ainsi 3 nouvelles créations: small discoveries Cuvée Belle Époque 2007 , small discoveries Grand Brut ainsi que l’installation Curiosity Cloud dans le cadre du London Design Festival qui vient de s’achever.
La maison de champagne Perrier-Jouët, qui puise ses origines et sa philosophie dans l’Art nouveau, a déjà collaboré avec des artistes reconnus ou émergent tels que Damien Arsham, Noé Duchaufour-Lawrence, Studio Glithero, Simon Heijdens ou plus récemment Tord Boontje ou Vik Muniz.
Perrier-Jouët avait inauguré sa nouvelle collaboration avec les designers Mischer’Traxler en présentant au salon international Miami Design 2014 l’installation Ephemerã, qui se décline aujourd’hui avec Small Discoveries et l’installation Curiosity Cloud.
Small discoveries Cuvée Belle Époque vintage 2007 et sa boite. photo: Perrier-Jouët
Ici le label de la bouteille a disparu pour laisser une plus grande liberté aux designers.
Autour des anémones japonaises blanches du flacon original dessiné par Emile Gallé en 1902, tournent les papillons et libellules sérigraphiés issus de l’univers si particulier de Mischer’Traxler.
Small discoveries Grand Brut et sa boite. photo: Perrier-Jouët
Conçue à la façon d’un plumier, la boîte laquée de blanc mat est décorée des mêmes papillons et libellules que la cuvée Belle Époque vintage 2007.
photos: SeenByKloé
Installation Curiosity Cloud par Mischer’Traxler pour Perrier-Jouët dans le cadre du London Design Festival marque la première apparition officielle du duo de designers en Grande Bretagne. Elle se compose de 250 bulbes de verre soufflés artisanalement où 25 espèces d’insectes différentes y volent, créant une atmosphère tant visuelle qu’auditive dans l’ancienne salle de musique du Victoria and Albert Museum.
Mischer’Traxler est un duo fondé en 2009 à Vienne et qui développe principalement des meubles, objets et installations cinétiques où l’artisanat se mêle à la technologie la plus pointue. D’ailleurs le duo se défini autant comme des artisans que des visionnaires. Rencontre croisée avec ces derniers ainsi qu’avec Axelle de Buffevent, la directrice de style de la maison Perrier-Jouët :
photo: Mischer’Traxler
Comment a débuté cette collaboration entre Perrier-Jouët et Mischer’Traxler?
ADB: La rencontre s’est faite il y a plus de deux ans, dans le cadre de Design Miami, qui est évènement duquel nous sommes partenaires et pour lequel nous développons des collaborations. Nous commissionnons chaque année une installation pour le mois de Décembre. Nous sommes un petit groupe de quatre personnes à travailler sur la sélection des jeunes designers: Alexandra Cunningham la directrice artistique de Design Miami, Benjamin Loyauté qui est un commissaire d’exposition (qui a entre autre été le commissaire d’exposition de la biennale de Saint Etienne cette année), Judy Dobias qui est en charge des relations presse de Design Miami, et moi même.
Après de longues discussions il y a deux ans nous avons décidé de proposer à Katharina et Thomas cette plateforme, une carte blanche pour donner sa propre interprétation contemporaine de l’Art nouveau. Nous avons beaucoup aimé leur proposition qui s’appelait Ephemerã, qui est une table interactive qui questionnait la relation de l’homme et la nature, ce qui est un propos typiquement Art nouveau puisque l’Art nouveau s’ancre dans la réinterprétation de la nature.
L’installation Ephemerã. Photo: Perrier-Jouët
Il y donc cette dimension de ce rapport entre l’homme et la nature. Au delà de cela, leur travail est très typiquement Art nouveau dans le sens ou ils injectent du beau dans le quotidien et s’inspirent de la nature, font un vrai travail d’atelier, et je pense qu’ils dépassent les limites de chacune des disciplines.
Pour nous l’Art nouveau est important puisque notre ancrage même est dans celui ci. On revient à la bouteille de 1902 d’Emile Gallé, nous possédons la plus grande collection Art nouveau Français privée au monde dans notre collection d’Epernay. Donc la question était comment faire vivre cet héritage et comment le faire vivre au travers de ces projets, qu’il s’agisse d’installations dans de grandes foires internationales comme Design Miami ou le London Design Festival, soit au travers de propositions qui sont des éditions limitées, soit sur les bouteilles ou soit sur des objets dérivés.
Donc l’histoire a commencé il y a deux ans pour Design Miami puis elle s’est développée au fils du temps, assez merveilleusement puisque Katharina et Thomas ont commencé avec Ephemerã pour Design Miami puis ils ont fait une première édition limitée d’une bouteille et de flûtes où ils ont revisité les flûtes à champagne en créant un effet à l’intérieur.
Puis la collaboration a continué à se developper au travers des deux éditions limitées que vous avez pu découvrir aujourd‘hui, celle de la Belle Epoque 2007 et celle de le fin d’année sur le Grand Brut. Puis enfin, au travers de cette installation Curiosity Cloud. Les 5 propositions sont toutes autour de la même thématique de l’interrogation sur la relation de l’homme avec la nature.
TT: Katharina et moi nous nous sommes rencontrés dans le cadre de notre Bachelor de Produit et Mobilier Design à Viennes en 2008. Nous avons également passé 6 mois à Londres au sein de la Kingston University. Puis nous avons tous les deux effectué notre Master à la Design Academy d’Eindhoven basé sur le Contexte du Design Conceptuel, qui, comme son nom l’indique ne portait pas sur l’objet ou le produit en lui-même mais plutôt sur notre façon personnelle de penser dans un langage design.
Une fois nos études terminées, nous avons ouvert notre propre studio à Vienne, car c’était une ville où les choses commençaient à bouger. C’était important pour nous de nous établir là-bas et de prendre part à un nouveau mouvement.
Reversed Volumes par Mischer’Traxler. Photo: Mischer’Traxler
Veneer par Mischer’Traxler. Photo: Mischer’Traxler
KM: Puis nous avons été contactés par la maison Perrier-Jouët en Décembre 2013. Nous nous sommes donc plongés dans l’étude de l’Art Nouveau puisqu’il était important d’en avoir notre propre approche afin de mieux la traiter dans un environnement contemporain. Nous avons lu beaucoup de livres, dessins, et nous sommes aussi allé visiter la collection Art nouveau de la maison à Epernay.
Nous étions particulièrement intrigués par manière dont était représentée la nature dans l’Art nouveau, alors c’est tout naturellement que nous avons basé notre travail sur ces éléments.
Notre première réalisation pour Perrier-Jouët, Ephemerã, était un meuble composé de motifs botaniques qui prenaient vie, mais à mesure que le spectateur se rapprochait de l’oeuvre, ces éléments se cachaient et devenaient timides.
Nous avons ensuite passé l’année à développer les emballages pour les bouteilles.
Puis lorsque l’occasion s’est présentée de réaliser une installation pour le London Design Festival nous avons tout de suite pensé aux insectes présents sur nos précédentes réalisations pour Perrier-Jouët et nous avons réfléchis à une manière de les utiliser et de les faire paraitre en vie. C’est ainsi qu’est né Curiosity Cloud.
Making of de l’installation Curiosity Cloud. Photos: Mischer’Traxler
TT: Puisque Ephemerã avait servi de point de départ à nos autres réalisations, il nous paraissait logique de connecter les projects ensembles à une même ligne directrice de manière à créer une histoire, et non pas aboutir à des histoires séparées. Nous avons donc repris des éléments d’Ephemerã, les insectes en l’occurrence, qui volent si vite que le spectateur ne peut pas les distinguer. La notion d’éphémère dans la nature est donc une nouvelle fois présente: si on s’approche trop près les éléments semblent disparaitre.
Étant donné que nous sommes dans un musée, nous voulions ces insectes capturés et encapsulés dans un environnement de conservation. Sinon les insectes auraient volé dans le musée, ce qui aurait presque impossible techniquement! Les bulbes de verres représentent donc le lien entre la nature et le musée.
L’installation Curiosity Cloud par Mischer’Traxler pour Perrier-Jouët. Photos: Mischer’Traxler
KM: Ils créent aussi un environnement auditif: lorsque les insectes se cognent contre les parois de verre, celles ci émettent un son, créant ainsi un environnement sonore particulier, presque une musique et non pas du bruit. Nous avons donc en quelque sorte ramené le son dans cette ancienne salle de musique. Lorsque nous avons visité les différentes pièces du musée, notre choix s’est immédiatement porté sur cette salle.
Pouvez-vous nous parler de vos prochaines collaborations?
ADB: En ce moment nous préparons l’évènement Design Miami 2015 au mois de Décembre. Nous révélerons le nom du prochain designer avec qui nous allons travailler dans une dizaine de jours d’ailleurs. Nous préparons aussi une potentielle extension de cette proposition de Katharina et Thomas (Curiosity Cloud) dans un format qui puisse voyager plus facilement et qu’on puisse mener dans nos different marchés. Je pense que c’est dans l’ADN même de la maison de faire vivre son héritage artistique et de constamment avoir des collaborations avec des gens qui bougent un peu les lignes.
Donc vous allez garder contact avec Mischer’Traxler?
ADB: Absolument. Car nous aimons ces histoires qui se prolongent. Nous l’avons fait avec Tord Boontje quand il y a deux ans nous lui avons demandé de créer pour nous un outils de service très spectaculaire. Il a crée ce qu’on appelle l’Arbre à flûtes qui est un arbre de 2,5 mètres de haut dans lequel on vient prendre sa flûte de champagne, et nous avons ensuite développé avec lui un motif spécifique qui aujourd’hui est très propriétaire de la maison. Nous avons aussi développé avec lui une édition limitée de fin d’année. Donc nous aimons les histoires qui durent. Quand un dialogue est vrai, c’est dommage de l’arrêter de façon très nette, et je pense que Katharina et Thomas ont encore beaucoup de choses à apporter à la maison indéniablement.
L’arbre à flûtes par Tord Boontje pour Perrier-Jouët, présenté lors notamment lors de l’exposition AD Intérieurs 2013. Photos: Perrier-Jouët
Pouvez vous me parler de la conception de la bouteille?
KM: C’était très clair pour nous depuis le début que nous ne voulions pas apporter des éléments botaniques supplémentaires à la bouteille qui comporte déjà des anémones dans sa version originale.
Nous nous somme donc basés sur le rôle important que jouent les insectes dans la culture du champagne, et nous avons décidé de représenter cette biodiversité sur la bouteille. Ce qui était un pari difficile au départ puisque les bouteilles de la Cuvée Belle Époque étaient déjà remplies et stockées. En effet, un fois les bouteille remplies, elles doivent reposer pendant 6 ans, et ne sont pas autorisées à quitter les lieux, ni être secouées. Il s’agit d’un produit très délicat.
C’était intéressant d’arriver à trouver une solution avec l’équipe technique de Perreir-Jouët. Elle a été formidable et a réussi à trouver une manière de sérigraphier les bouteille afin de produire une édition qui s’inscrit dans la durée, par opposition à de simples autocollants.
photos: Mischer’Traxler
ADB: c’est une première techniquement dans le monde du champagne, nous avons réussi à sérigraphier les bouteilles alors qu’on ne sait pas le faire d’habitude à cause de l’augmentation de température que cela provoque. Là il s’agit d’une sérigraphie à froid. Les designers nous font repousser les limites. Ils sont arrivés avec une proposition qui était telle que nous ne voulions pas la dénaturer, mais techniquement cela représentait un challenge fantastique. Je pense que les équipes techniques sont galvanisées par la beauté d’un projet, elles ont envie de trouver des solutions quand le projet est vraiment exceptionnel. Et là, ca a été le moment de magie dans le dialogue entre des designers et une équipe technique qui ont tout de suite eu envie d’y aller et qui ont trouvé les solutions. Mais ce n’était pas gagné au départ.
KM: C’était un dialogue très instructif aussi, car notre proposition n’était pas des plus faciles. Ça nous a permis de nous dépasser, nous avons beaucoup appris, ainsi que l’équipe technique aussi.
TT: Et cela ouvre la voix pour de futures réalisations également.
Pour ce qui est de la boîte de la Cuvée Belle Époque, nous voulions un emballage qui ne montre pas la bouteille entièrement, et qui laisse sa place à une petite découverte (small discovery en Anglais) lors de l’ouverture, d’où cet emballage semi-transparent.
Photos: Perrier-Jouët
KM: Quand on regarde la boîte, on ne peut pas apercevoir tous les détails de la bouteille, on ne peut distinguer que la partie supérieure et le reste disparait progressivement dans un brouillard où se mêlent les insectes. Il faut physiquement sortir la bouteille de sa boîte pour vraiment la découvrir. Ce moment de surprise était un élément important pour nous.
TT: Les boîtes du Grand Cru et de la Cuvée Belle Époque sont étroitement liées. Elles partagent des motifs similaires et une histoire commune.
Photo: Perrier-Jouët
Pour la boite du Grand Cru, nous nous sommes inspiré des vielles boites à vin en bois. Nous voulions créer quelque chose de durable dans le temps, quelque chose qui reste, qui ne vieilli pas et qui puisse être réutilisé de manières différentes une fois la bouteille de champagne consommée.
KM: Nous avons imaginé que dans plusieurs années, cette boîte pourrait être retrouvée par des enfants dans le grenier de leur grand-mère, remplie de mémoires comme de la laine ou des chaussettes, et que cette découverte ramènerait au moment présent. C’était important pour nous de créer quelque chose de vrai.
ADB: Quelque chose qui parle d’héritage.
Plus d’info sur les designers: Mischer’Traxler (Retrouver tous les articles concernant le studio de design Mischer’Traxler)
Plus d’info sur la marque: Perrier-Jouët
photo: Perrier-Jouët & SeenByKloé
DE SANTACHIARA A MISCHER TRAXLER. A cette echelle de la bulle et non de l’accumulation cela me fait penser au tapis d’entrée de Denis Santachiara, un designer italien autodidacte ludique et inventif un peu oublié qui a postformé des Ensci comme Matali Crasset. Un tapis de bienvenue avec un oiseau qui accueille les invités avec son chant quand ils essuient leurs pieds .http://img.archiexpo.fr/images_ae/photo-g/tapis-contemporain-laine-motif-57307-6423649.jpg
LE DESSIN EST TOUT BETE , NAIF …. http://f.fastcompany.net/multisite_files/fastcompany/imagecache/slideshow_large/slideshow/2015/08/3050142-slide-s-6-an-enchanting-installation-brings.jpg
Perrier Jouet est associé à Emile Gallé et à à l’art nouveau qui se caractérise par des ornementations toutes en courbes inspirés du monde vegetal (des arbres, des fleurs) et animal ( surtout des insectes). Ce qui a conduit logiquement la marqu vers Tord Bronjee ex de la DAE de Eindhoven (Hollande) et de RCA ( Angleterre) et qui etait compatible avec son territoire… Pour Mischer Traxler ( Autriche), formé à DAE de Eindhoven (Hollande) la logique du choix n’est pas explicite mais à mon avis international..
EN IMAGE SVP PATRICK JOUIN A L’HOTEL HYATT DE MILAN….http://i.ytimg.com/vi/WjDMaCilPTg/maxresdefault.jpg
SELECTION SANS NUAGES EINDHOVEN VS ENSCI ? Patrick Jouin 230 000 occurences dans le champ du design aurait pu le faire… et encore mieux . Il sait buller à Murano. Benjamin Graindorge aurait sans doute été plus poétique ( mais seulement 30 000 ocurences, c’est un peu juste pour le marketing international) http://g01.a.alicdn.com/kf/HTB1B3rEIFXXXXaAXFXXq6xXFXXXz/Leucos-Murano-Due-Bubble-Glass-Chandelier-by-Patrick-Jouin-from-Leucos-LED-Lighting-Fixture.jpg