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Biosphère urbaine : l’appartement low-tech de Corentin de Chatelperron & Caroline Pultz
Aujourd’hui sur Blog Esprit Design, on vous propose de découvrir l’appartement low-tech du couple d’explorateurs-aventuriers-ingénieurs-designers de “modes de vie” composé de l’ingénieur Corentin de Chatelperron et de l’écodesigner Caroline Pultz ! On visite ?
Corentin n’en est pas à ses premières expériences ! On se souvient notamment de ses périples sur une baie thaïlandaise sur un radeau, ou encore à travers les océans pour rejoindre le Golfe du Bengale sur son voilier en jute, avec de belles collaborations, notamment avec des étudiants (on pense, pour ne citer qu’eux, à Victor Gager et Maxime Breuzin dont le projet de fin d’études à l’Université de Bretagne Sud tournait autour de la fibre de jute. En collaboration avec le JuteLab, projet créé par des ingénieurs bretons, ils ont étudié pendant 6 mois les propriétés physiques et mécaniques de la fibre de jute, et on pu les comparer à celles des fibres de lin et de verre.)
Rejoint depuis par Caroline et par toujours plus de partenaires intéressés par leur démarche prospective, la vision de Corentin se professionnalise toujours davantage, tout en permettant l’exploration de nouveaux univers, nouvelles typologies de vie. Ce nouveau projet du couple fait suite à une expérience menée en 2023, à raison de 120 jours au cœur du désert mexicain, au sein duquel ils ont pu expérimenter une vie en autonomie dans un habitat low-tech de 60m² qu’ils ont imaginé de toute pièce. Une aventure outdoor palpitante, à retrouver sur le site arte.tv ! On vous partage ci-après le lien vers le documentaire, captivant par ses réussites, ses galères, ses adaptations :
Pour nos deux explorateurs des modes de vie prospectifs, le futur n’est ni dans la technologie, ni dans une décroissance subie. Elle est ailleurs, dans un équilibre où l’innovation fait rimer nature, biodiversité et vie humaine riment avec heureuse combinaison.
Après les expériences en milieu extrême (désert aride) ou au volume limité (voilier), les voilà dans un milieu beaucoup plus commun pour beaucoup d’entre nous, un appartement en zone ultra-urbaine, et plus précisément à Boulogne-Billancourt, dans les Hauts-de-Seine.
Alors, une vie urbaine durable à horizon 2040 -répondant aux objectifs fixés par l’ONU en matière d’émission de gaz à effet de serre pour 2050-, ça ressemble à quoi ? En termes d’attente, on parle déjà d’une réduction de la consommation d’eau de l’ordre de x10, de la suppression du moindre déchet, et de la capacité à générer des ressources.
L’idée de base du couple, c’est de proposer une vie en quasi-autonomie, énergétique et alimentaire. Pour mener à bien cet objectif, s’est créé le projet Biosphère urbaine, co-financé par la mairie de Boulogne-Billancourt, le Centre national d’études spatiales (CNES) et Arte.
Le résultat, un appartement prospectif low-tech de 26m², relié à un écosystème d’une vingtaine de partenaires de différents domaines : élevage de larves pour le recyclage des déchets organiques, culture de champignons et de jeunes pousses végétales pour l’alimentation, production de biogaz pour la cuisine, supermarché collaboratif, ferme bio, etc. L’apport en protéines, essentielles aux fonctionnement des organismes humains, qui a toujours été un sujet primordial dans les aventures du duo, est assuré par l’élevage d’une colonie de grillons (il convient d’imaginer que ces insectes participes grandement à l’ambiance du lieu par leur chant). Pour les légumes, c’est en échange d’un temps de travail quotidien à la ferme des Loges (78), qu’ils obtiennent un panier d’œufs et de légumes frais. Le compte Instagram du projet, notamment grâce à l’apport de la chaîne Arte, est truffé de petites vidéos pour en apprendre davantage sur le projet et ses possibilités futures. On se fait un petit dej low-tech ?
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Un bassin de plantes aromatiques vient agrémenter les plats ; une prouesse permise par un bassin de 300 litres d’eau en circuit fermé. Ce n’est pas moins de 124 plantes qui prolifère au sein du lieu !
L’engrais permettant la bonne croissance de ces plantes est issus des déchets organiques des toilettes sèches. La douche, poste de consommation d’eau particulièrement important dans l’habitat, est ici optimisée grâce à un système de vaporisateur ; l’eau est ensuite filtrée puis traitée grâce à des bactéries présentes sur des billes d’argile. Et comme aucun espace n’est jamais assez optimisé, on profite de la cabine de douche pour cultiver des pleurotes ! Ces efforts permettent au couple de passer d’une consommation d’eau moyenne par personne de 150 litres/jour à seulement 15.
Et la machine à laver? Le couple l’a remplacée par un système de rameur à tambour ; c’est la force mécanique des bras et des abdos qui permet au linge d’être lavé :
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Côté électricité, des panneaux photovoltaïques permettent un apport en énergie. Un mode de vie prospectif certes mais pas totalement décalé de la réalité ! L’expérience sera documentée par des rapports techniques et des documentaires, que l’on pourra notamment retrouver sur Arte, ou sur Internet !
Et pour les derniers mois de l’expérience, Corentin et Caroline ont travaillé à isoler l’appartement grâce à la laine de chanvre. Est-ce suffisant ? On aura certainement réponses dans les différents rapports/documentaires !
Nos deux explorateurs sont suivis par un nutritionniste et régulièrement soumis soumis à des tests d’effort, permettant de vérifier la viabilité sanitaire de l’expérience. L’idée est également qu’elle puisse être viable économiquement, pour qu’elle puisse -un jour peut-être- reproductible à grande échelle, par le plus grand nombre. Sain, durable et économique, telle est la devise de Caroline et Corentin.
En parallèle de l’expérience menée à l’appartement de Boulogne, 8 missions ont été sélectionnées dans le cadre de ce projet. 8 missions participatives, qui permettaient à tout à chacun, sous réserve de la validation de la participation par les organisateurs, de participer à l’expérience et de faire partie de la vaste analyse des données qui en découle. On parle de 1300 expériences menées au total ! Voici les missions qui étaient proposées début 2024, et qui touchent aujourd’hui à leur terme :
- Mission #1 : Woofing. Cueillir ses fruits et légumes frais, bio et de saison
- Mission #2 : Le jardin d’intérieur. Expérimenter la culture de jeunes pousses comestibles en bioponie
- Mission #3 : Menu low-tech. Vers une alimentation saine, durable et accessible
- Mission #4 : La douche à brumisation. Vers une hygiène alliant pratiques durables, plaisir et bien-être
- Mission #5 : Miam, des grillons ! Élever des grillons et réveiller l’artiste culinaire qui sommeille en vous
- Mission #6 : Des pleurotes maison. Cultiver des pleurotes et les déguster
- Mission #7 : les larves de BSF, star du compost. Transformer les déchets organiques en ressources précieuses
- Mission #8 : Toilettes vivantes. Valoriser les déchets humains en ressources précieuses
Pour celles et ceux que le sujet intéresse, le détail des missions, avec notamment des fiches mission, est disponible au lien suivant !
On se donne rendez-vous pour les résultats ? En attendant, n’oubliez pas de regarder le documentaire sur l’expérience précédente de Corentin de Chatelperron et Caroline Pultz !
Pour en savoir plus, on vous invite à suivre l’expérience directement sur le compte Instagram de l’association créée par le couple, c’est ici !