La revue d'architecture et de design
Binz eco-design : nouveau matériau à la coque
Dans l’effervescence créative du design durable, une jeune marque parisienne détonne et se positionne afin d’utiliser un nouveau déchet, rebut de nos cuisines. Binz eco-design, fondée en 2024 par Claire, prototypiste, et Flavien, designer, propose une vision fraîche et engagée du design artisanal, fondée sur un principe simple : valoriser les déchets alimentaires pour en faire des objets du quotidien esthétiques, durables et locaux.
Une matière inattendue : la coquille d’œuf
La signature de Binz ? Un matériau 100 % bio-sourcé composé à 80 % de coquilles d’œufs recyclées et à 20 % d’extrait d’algues, liés à l’eau puis moulés à la main. Ce biomatériau étonnant naît dans l’est parisien à partir de collectes ultra-locales dans des restaurants comme Round ou Bob’s Bake Shop, situés à moins d’un kilomètre de leur atelier.
Le processus est entièrement artisanal : nettoyage, stérilisation, séchage, broyage, puis moulage dans des formes évoquant l’œuf au plat. Une fois secs, les objets sont vernis à la gomme laque, un produit naturel également utilisé dans l’agroalimentaire, garantissant une innocuité totale et un entretien simplifié.
Une démarche globale : design, circularité et narration
Au-delà de l’idée et du concept, l’identité de Binz repose sur une dimension narrative, décalée comme nous les aimons. Le nom de la marque, tout comme ses produits, les coquetiers Oplat, les bougeoirs Oeuforia, ou encore les mascottes aimantées participent à une esthétique ludique et identifiable.
Chaque objet raconte une histoire : celle d’un rebond créatif sur un rebut alimentaire, celle d’un artisanat local, responsable et optimiste. À date, plus de 2 500 coquilles ont été valorisées, et 350 objets ont déjà trouvé preneur, preuve d’un engouement croissant pour des produits alliant sens, forme et impact.
Une mouvance fertile : les matériaux alimentaires recyclés
Binz s’inscrit dans une mouvance plus large déjà bien connue des lecteurs de BED, que nous suivons de près depuis plusieurs années. À titre d’exemple :
- Le projet FRuitleather Rotterdam, qui transforme des déchets de pommes en cuir végétal, appliqué à la maroquinerie et à la chaussure ou encore le projet Adam Sheet présenté il y a maintenant quelques mois.
- Les créations de Brewed Protein™, explorant la revalorisation des drêches de bière en matériaux textiles ou plastiques biodégradables ou Instead que l’on ne présente plus par ici.
- Ou encore Pit to Table et son matériau à base de noyaux d’olive, utilisés dans la fabrication de surfaces décoratives et d’objets usuels.
Autant d’approches que nous avons documentées dans nos articles sur les matériaux innovants pour le design durable et qui montrent à quel point la filière du design est aujourd’hui un terrain de jeu fertile pour l’écologie appliquée à la matière.
Une coquille vide ? Non. Une coquille pleine de promesses.
En savoir plus sur le projet : BINZ