La revue d'architecture et de design
AD Intérieurs 2015 – Les Décors – Le salon de perception de Gwenaël Nicolas
Poursuivons notre dossier dédié à l’exposition Ad Intérieurs 2015 par la présentation de chacun des décors.
Architecte d’intérieur et designer basé au Japon, Gwenael Nicolas avec son agence Curiosity mêle dans ce salon de la perception différentes tonalités et approches des objets, pour notre plus grande curiosité !
– Quel a été votre processus de création pour cette pièce ?
Il s’agit de ma première participation au projet AD Intérieurs car j’habite loin (Japon). C’est un monde un peu différent pour moi, de ce que j’ai l’habitude de faire.
Étant Français habitant à l’étranger c’était une manière de revenir et de réinterpréter, un challenge. Le projet AD est un moment où tout le monde vient voir les intervenants. Il y a aussi la recherche de nouvelles idées, tendances, expressions, par des personnes individuelles…pas la tendance générale qui peut apporter une nouvelle idée. Cela représente un challenge pour moi de venir ici avec mon expérience Japonaise, l’expérience de tous les projets que je fais et d’apporter non pas simplement une idée esthétique mais de redéfinir notre culture Européenne, notre culture française en particulier.
Donc il faut créer un espace où lorsqu’on arrive nous soyons surpris, qu’on ne comprenne pas tout, qu’on sente les choses, n’ait jamais vu les formes et que ces mêmes situations se transforment et que là on se dise : « ah ok! maintenant je reconnais ». Je trouve cela passionnant de créer des espaces d’intérieur qui soient vraiment des expériences. Ce n’est pas l’idée de faire quelque chose de conceptuel, pour moi c’est très réel. On peut imaginer demain quelqu’un qui décide d’avoir un appartement comme cette pièce. Le thème d’avant garde développé par AD pour ce projet me convenait parfaitement et je trouvais que c’était bien de redéfinir ce concept.
Le process de AD est très court. C’est une opportunité de montrer non pas ce qu’on a déjà fait mais au contraire ce qu’on veut faire. « Vous êtes qui, qu’est ce que vous faites, qu’est ce que vous voulez faire ? » sont les questions les plus importantes. Les gens qui viennent ici et trouvent intéressant cette direction, démarche, attitude par rapport à la création.
Le plus important n’est pas de seulement trouver des solutions mais de trouver des points de départ, de pouvoir se dire qu’il se passe quelque chose et que les choses vont changer. Dans le monde du design on essaye toujours de trouver des solutions qu’on puisse s’approprier, une nouvelle couleur une nouvelle texture. Mais je pense qu’il faut aller plus loin. Lorsqu’on voit l’objet, les textures il faut que ça inspire avant tout. Quelque part de trouver la simplicité dans les choses. Il y a les deux aspects: simple/compliqué et c’est passionnant de réussir à créer des espaces qui soient comme ça.
– Pouvez vous nous parler des éléments de cette pièce ?
L’idée était de reprendre les éléments les plus iconiques d’un intérieur parisien : le sofa, la console, la table le miroir, la lampe et de les redessiner, de les réécrire, de leur donner la notion de temps dans le design. Un objet est très statique. Ce qu’on voit lorsqu’on voit l’objet en général est: what you see is what you get. Il faut ici définir la notion de temps dans le design et dans l’objet. C’est à dire qu’il a deux aspects: ce n’est pas la notion de transformation mais vraiment la notion de monde parallèle. Ce n’est pas l’idée de technologie de l’objet mais l’idée d’avoir des objets dont on ne comprend absolument pas ce que ça peut être et de s’interroger « Qu’est ce que c’est cet élément qui est au milieu de mon salon ? ».
C’est important de créer des objets qui remettent en question notre perception de notre vie quotidienne.
Le design ne doit pas être périphérique. Il est trop périphérique. Le design devient simplement des layers à l’extérieur de notre vie trop établie: un peu plus de couleur, de forme, un gadget. Il faut se recentrer au milieu, reprendre tous les objets du quotidien et créer une évolution. Non pas les redessiner mais vraiment définir l’évolution de notre culture et de se demander qu’est ce qu’on peut laisser aux générations futures et de leur dire qu’ils peuvent changer la vie, qu’ils ont la liberté de faire ce qu’ils veulent. On peut recréer cette évolution qui manque un petit peu dans le design en ce moment ou on redessine, recycle, redéfinie. Il est temps d’enlever le « re », de ne pas faire une révolution mais de faire l’évolution. Reprenons notre dynamique.
– Dans votre utilisation de l’espace l’objet est en mouvement, dynamique…
Pour moi l’objet n’a absolument aucun intérêt car la personne n’a pas la perception d’un objet en lui même. L’objet est dans un contexte par définition. On rentre dans une pièce qu’il y ait quelque chose ou qu’il n’y ait rien, c’est la pièce qui définie la perception, notre notion entre ce que l’on voit, sent, la profondeur. En fait c’est il s’agit de vibrations entre l’espace et l’objet et surtout la lumière qui devient le lien, un peu comme une musique. Il faut considérer la lumière comme de la musique qui fait vibrer, comme une symphonie avec cette impression d’entendre des sons.
Nos yeux perçoivent des frétillements tout autour car c’est la lumière qui permet de créer tout ça, ces changements de tempo. Lorsqu’on rentre c’est très froid, fresh, strident, des notes très hautes et lorsque ça devient horizontal des notes basses viennent vous envelopper. C’est la lumière et la conception de l’espace qui permettent de créer tous ces changements de tempo.
– Avez vous une approche holistique du design ?
Complètement. Je pense que l’objet doit fondamentalement disparaitre. Quand je commence un objet la première question que je me pose est: « est ce qu’il doit exister? est ce qu’il est nécessaire? et s’il existe, pourquoi, qu’est ce qu’il peut apporter de plus? » Pas dans la fonction car les êtres humains peuvent imaginer le futur. Dans 50 ans on connait le futur: rien ne va changer, vous et moi n’allons pas changer, nos enfants ne vont pas changer. Dans 5000 ans nous ne savons pas, dans 50 000 ans surement. Mais là on connait le futur, rien ne va changer et il faut tout dessiner à partir de ce que l’on voit, sent, il faut tout redéfinir.
On peut vraiment créer cette évolution. Jacques Attali, qui écrit beaucoup sur le futur dit qu’il suffit de se regarder pour comprendre le futur, de regarder autour de soit, et imaginer la continuité, comment les choses peuvent évoluer. On a tendance à toujours regarder vers le passé s’en inspirer, réinspirer, alors qu’il suffit de regarder aujourd’hui ou est ce qu’on veut aller.
– Comment choisissez vous vos artisans ?
J’ai la chance de travailler sur des boutiques comme celles de Louis Vuitton, Fendi. Le luxe est assez étonnant car il faut vraiment trouver des matières, des intérieurs, des lumières, des mises en scène, chargés d’une valeur émotionnelle très forte. Comment donc faire naitre cette impression lorsqu’on rentre dans une boutique de luxe? On ne peut pas dire ce papier peint coûte 3000 dollars du mètre carré. Ce n’est pas cela qui va faire l’expérience.
C’est de travailler avec des gens qui ont cette sensibilité, les mettre ensemble, la tension des artisans qui sont passionnés et cela se ressent. Même si l’espace devient très simple il y a cette tension, cette énergie dans chaque matière, forme, qui créer quelque chose. On sent vraiment qu’il se passe quelque chose. Il y a la première impression: « c’est beau! », il y a l’équilibre et puis on se rapproche et on découvre tout ça. Ces artisans là ont une passion et sont dédiés à leur art.
Le challenge réside dans les convaincre d’un projet qui soit suffisamment challenging pour eux car c’est une insulte de leur demander de faire des choses qu’ils ont déjà faites. En partant de ce qu’il savent faire, on va leur proposer de faire autre chose.
Pour les plats qui deviennent horizontaux je suis allé voir des céramistes et je leur ai dit je veux un plat qui soit horizontal et qui devienne vertical. Il m’ont répondu que ce n’était pas possible. Et pourtant j’ai reçu la pièce la veille de prendre l’avion. je ne l’avais jamais vu avant cela.
C’est donc une question de confiance et de savoir s’entourer de personnes dont on sait qu’elles vont réussir les choses, les challenges. Tout est vraiment venu ensemble les 3 derniers jours. Le verre est fait en Italie, tout le bronze est fait au Japon, lorsque j’ai tout mis dans mes valises je ne savais pas à quoi cela allait ressembler mais j’avais confiance. C’est vraiment le fait d’imaginer des choses. Il y a cet objet, cette matière, cette profondeur.
Nous avons testé des petits bouts de verre avec des LEDS derrière. Je pensais que ça pouvait être bien et en voyant la première fois le bloc de verre arriver j’étais ébahi. C’est toujours fascinant car la réalité dépasse toujours la fiction, elle est toujours extraordinaire. Ce qui est quelque chose de rassurant quelque part.
Il faut toujours se challenger, aller au delà de tous nos doutes, avancer très loin car après c’est formidable. Ce qui est fascinant est que lorsqu’on créer un espace on imagine, on fait des belles images de synthèse et lorsqu’on arrive on se demande toujours si cela va marcher, si les proportions sont bonnes. C’est un métier de masochiste.
Quand on dessine un produit, – je dessine aussi des produits comme des montres – on fait la maquette, on la regarde, la valide et c’est finit, ça sort dans un an, on n’a aucune surprise. L’architecture d’intérieur tout comme l’architecture sont fascinantes car on ne sait pas ce qu’on fait.
Si quelqu’un vous dit qu’il sait exactement ce qui va se passer cette personne est un génie. La surprise, l’énergie de la réalité c’est fascinant.
Exposition AD Intérieurs 2015
Période : du 5 au 20 Septembre 2015 de 14h à 18h (entrée libre sur présentation d’une pièce d’identité)
Lieu : Palais d’Iéna – 9, place d’iéna Paris
crédit photo (si non libellé): SeenByKloé pour Blog Esprit Design.
Retrouver l’intégralité de notre dossier : BED – AD Intéieurs 2015
Plus d’info sur l’exposition : AD Intérieurs 2015
ESPRIT DESIGN AD INTERIEURS DE NICOLAS = KOOHAAS + YOSHIOKA. C’est la première fois depuis qu’interieurs existe qu’un decorateur a qui on donne une carte blanche rend une copie blanche ou presque. Il faut dire que cette manifestation qui s’est construit sur le chemin des antiquaires de la Biennale à Arcurial version Dassault et non Bettancourt avait pas mal utilisé le marbre de Carrare au fil des ans et encore plus la superposition, la juxtapositions de motifs et de matières nobles, precieuses et chères…. Ce projet est né de la rencontre dans l’esprit design de gwenael- nicolas de la nouvelle typologie de meubles mobiles de Rem Koolhaas vu à Milan 2013 et de Tokujin Yoshioka qui a fait rever Milan dans la blancheur immaculé de ses installations oniriques.https://s-media-cache-ak0.pinimg.com/736x/4f/51/8a/4f518a1863aaed55341bffbfba860485.jpg
LA CAUSE DE SA NOTORIETE PLANETAIRE GOOGLE…http://ecx.images-amazon.com/images/I/A1YEDnxP-ML.jpg
CONCEPTEUR CONTEXTUEL DE TECHNIQUES DE POINTE… Il declare ici et là ” l’objet est toujours contextuel”, je suis un “chorégraphe de l’espace”…. Alors il est choregraphe sur des pointes… Quand Yoshioka fait une installation de milliers de pointes blanches à Milan pour une marque automobile japonaise au salon du meuble de Milan, Nicolas fait des milliers de pointes en bronze doré par Officina Coppola pour une boutique de marque de luxe à Londres.
PARIS MADE IN TOKYO, LONDRES, MILAN , TREVISE Qui resisterait au travail d’ Officina Coppola de Londres dirigé par Donato Coppola qui vaut ( pas en prix) un Zao Woo Ki ? Zao WHo ? Qui?Tout cela est pensé à Tokyo, fabriqué à Londres et à Milan et agencé par une société italienne à Paris, capitale de la creation comme on dit à la mairie.http://static.wixstatic.com/media/eb6584_be78dd5c77234df7b7b9c6a78f4d2fb3.jpg_srz_500_700_85_22_0.50_1.20_0.00_jpg_srz
DES BANCS VERTICAUX MADE IN ITALY DE L’IMMACULé CONCEPTION NIPPONE…..Très interessant à lire mais il n’indique rien sur les superpositions ou les gommages qui font disparaître l’objet référent. L’objet en lui même existe comme le paratexte qui l’habille, il n’est plus concept , il n’est plus dessin , il est forme, il est matière, il est réel , il est tangible mais en même temps il ne nait pas ex nihilo. Je n’ai trouvé sur la toile qui porte rarement bien son son nom au sens artistique qu’un seul dessin à la main de Gwenael Nicolas qui date de 2009 d’une expo que j’ai vu à Milan qui montrait l'”evanaissance ” d’une ambiance japonaise fantomatique…..mais techologique. J’aurais aimé qu’il nous parle des artisans italiens de Lombardie, de Vénétie qui ont travaillé ces bancs verticaux “domotisés”…. Le dessin,le vocabulaire (des droites,des parallèles, des parallelipipèdes ), la grammaire artistique autrement dit les briques de la composition qui sont le contraste, l’équilibre, l’harmonie, et la répartition., ainsi que les desseins commerciaux et marketing du designer sont simples à comprendre depuis Tokyo Fiber Senseware à Milan en 2009 ou il apparu au milieu d’une quinzaine de designers nippons de l’immaculé conception qui ont donné Nendo et Yoshioka entre autres.http://www.designboom.com/cms/images/leeji03/13g02.jpg
Vraiment nippon ….http://pic.pimg.tw/haustudio/1172415198.jpg