La revue d'architecture et de design
PACKAGING : LE REMIX D’EMMAÜS de Sébastien Mariot
Découvert lors des journées portes ouvertes de Strate École de Design en juin dernier, le REMIX D’EMMAÜS est le projet de fin d’études de Sébastien Mariot, jeune diplômé de la majeure packaging. Son concept vise à redonner une seconde vie aux objets usagés du quotidien ? des objets simples, sans plus-value esthétique ou autre, selon 3 thèmes : le jouet, l’outil et le service de table.
Une idée “Revaloriser le regard sur l’objet de seconde main“
Afin de mieux comprendre sa démarche, Sébastien répond à nos questions :
– Dans quel contexte est né ton projet ?
Au delà du contexte scolaire qui a donné l’impulsion initiale à ce projet, mon point de départ est un regard critique sur notre société. Un regard critique, mais constructif : montrer qu’on peut envisager autrement notre mode de vie.
Je viens d’une génération qui a vu se développer tout autour d’elle des systèmes collaboratifs, que ce soit pour se déplacer, se nourrir ou se loger. Toutes ces nouvelles plateformes nous offrent des alternatives de consommation et nous ouvrent des portes sur de nouveaux modes vies envisageables sur le long terme… Séduit dès le départ par ces valeurs collectives de partage et d ‘échange, je savais que je voulais m’orienter vers un projet engagé socialement, mais avant tout, un projet qui parle à tout le monde, quelle que soit son origine sociale ou culturelle.
– Quelle était ta problématique ?
J’ai choisi de travailler sur les objets de seconde main. Ces objets du quotidien qu’on rencontre dans les brocantes, les centres Emmaüs, les sites internet comme leboncoin.fr ou encore d’autres systèmes d’échanges remettant le troc au goût du jour. Cependant ces moyens de consommation restent encore en marge de nos habitudes de consommateur malgré leurs nombreux avantages. Les objets de seconde mains souffrent d’une mauvaise image. Des doutes et des à priori sur leur qualité, leur origine et leur propreté. Mais aussi d’une image dévalorisante des usagers qui sont vus comme des personnes dans le « besoin ».
La problématique s’est donc précisée : Comment valoriser le regard sur les objets de seconde main ? Sortir des préjugés et des idées reçues et montrer que les objets déjà utilisés peuvent tout à fait trouver leur place dans nos habitudes et qu’ils peuvent aussi freiner la surconsommation actuelle.
– Quelles étaient tes contraintes ?
La plus grosse contrainte était de concevoir plus qu’un simple emballage. Effectivement ce qui est intéressant dans ces systèmes alternatifs de réutilisation, de troc, d’Upcycling ou autre… c’est que le packaging n’a plus lieu d’être. La marque de l’objet n’a plus d’importance, c’est l’objet qui crée sa propre identité fonctionnelle.
C’était donc pour moi un challenge : qu’est ce que le packaging allait pouvoir apporter à ces objets ? Comment allait-il servir le message que je voulais faire passer ?
Par ailleurs, il fallait également définir un territoire d’action, c’est à dire choisir avec quels objets j’allais pouvoir travailler et dans quelles quantités ! J’ai choisi de travailler sur 3 univers qui offrent chacun une grande quantité d’objets : les jouets d’enfant, l’outillage et l’art de la table. Enfin l’aspect environnemental a pris une place importante. Un packaging 100% recyclable, issu d’une matière elle-même recyclée était nécessaire pour donner de la force et appuyer mon message. J’ai donc choisi de travailler exclusivement avec du carton.
– Peux-tu nous expliquer tes choix dans la construction de l’identité de ton concept ?
Mes inspirations ont été très diverses. Toutefois le « design lowcost » m’a beaucoup aidé dans mes créations. La façon dons les gens peuvent détourner les objets de leur fonction première afin de leur redonner une seconde vie est incroyable. C’est une vrai source d’inspiration, un condensé de créativité. J’ai très vite travaillé en volume, faisant évoluer la forme en fonction des contraintes techniques et de l’usage.
Les dimensions des objets étant variable, la modularité est devenue un aspect essentiel à intégrer en plus de la fonctionnalité. Pour le design graphique j’ai voulu quelque chose de joyeux, gai, festif, donnant l’idée de réassemblage, de récupération, de renouveau, de recomposition, en un mot de REMIX
L’histoire des objets participent également à l’identité visuelle grâce au nom des donateurs mis en avant sur le packaging. Enfin, ces objets retrouvent sens et valeurs grâce aux différentes associations que les packagings proposent et à l’interaction contenant / contenu.
Ce concept a été sélectionné pour l’exposition “L’Observeur du Design” à la Cité des Sciences et de l’Industrie à partir du 11 décembre 2015 jusqu’au 6 novembre 2016. Un grand merci à Sébastien pour son retour, en lui souhaitant une excellente continuation dans ses projets.
Plus d’informations sur l’école : Strate école de Design
FACE AU WEB , EMMAUS EST DANS LE ROUGE…. Je vais chaque semaine à Emmaus à la fois pour porter des objets et pour acheter. Ce marché de la seconde vie des objets domestiques, permet de faire survivre des français et beaucoup d’étrangers qui ne parlent pas la langue des acheteurs . C’est factuel . Pour revaloriser, il faudrait leur apprendre la langue. Ensuite de faire un peu de categorisation sommaire des types d’objets vendus par un balisage pedagogiques… Je n’ai jamais vu des outils qui ne sont pas des objets comme les autres d’ailleurs vendus dans les même boutiques en première main. mais des milliers de verre orphelins…. Ce sont des objets de secondes mains abandonnés et posés ici et là …. Il faut merchandiser les rayons, avant de penser au Package. Je pense que le package cadeau solidaire serait une idee à partir d’un certains nombre d’outils….. à noel ou à la fete des peres …..et des mères selon les produits. Je suis marketeur… pas souvent maquetteur, mais quand je le fais, je me rapproche de la realité et de l’avenir d’un marché face à la concurrence. Emmaus est dans le rouge…. alors un bandeau rouge s’impose sur ce carton neutre.
Bonjour, bravo pour ce bel élan vers la RECUP!Si vous ne le connaissez pas jettez un oeil sur Ambroise Monod, le père du mot RECUP’ART.J’ai personnellement créé de nombreux objets détournés de leurs usages premiers, une marmotte à partir d’un bidon de minidoux, un bateau de pirates à partir d’une bouteille d’eau minérale… Les possibilités sont infinies surtout en combinant des matériaux et techniques différentes. L’année dernière j’ai utilisé un carton d’emballage d’une moto pour construire une table très résistante, vernie, avec imitation marbre sur le dessus!Jean PORRET
Je passerais très certainement à l’exposition afin d’en apprendre encore plus sur ce très beau projet.