Quand la forêt devient objet : entre artisanat local et design engagé

C’est au cœur du Pays de Bitche (oui cela existe), territoire à forte identité niché entre l’Alsace et la Moselle, que le studio Aequo.design signe une collection à la fois discrète et envoûtante, en collaboration avec la marque de territoire MAGIQUEB!TCHERLAND.

Plus que de simples objets décoratifs, Kaspar et les Pampilles sont des fragments de forêt, des capsules de nature façonnées avec soin, où design, matière et geste se répondent. Peut-être une piste, une idée, une intention, pour que même la décoration, petite décoration en période de fête puisse être pensée, en lien avec notre écosystème, nos matériaux et régions…

Une approche contextuelle et sensorielle

Fondé en 2020 par Tim Defleur (que vous connaissez bien sur BED) et Arthur Lenglin, Aequo.design explore la relation entre design industriel et artisanat. Le duo accorde une place centrale à la valorisation des matériaux modestes ou issus de la revalorisation, dans une démarche à la fois poétique et engagée. Avec Kaspar, petit écureuil stylisé, et les Pampilles, mobiles inspirés des feuillages locaux, le studio renoue avec la simplicité formelle et la puissance narrative des objets à faible impact mais à forte portée symbolique.

Le bois comme mémoire du territoire

Les deux créations s’inscrivent dans la dynamique du programme Design des mondes forestiers, piloté avec l’ENSAD et les artisans locaux. Ici, le bois ne se limite pas à une matière première : il est vecteur d’identité et d’ancrage. Kaspar, en bois résineux des Vosges du Nord, incarne l’esprit des sous-bois, et s’offre une queue végétale interchangeable selon les saisons ou les inspirations. Cette hybridation entre sculpture minimaliste et végétal vivant ouvre une lecture sensible de l’objet, entre mascotte et manifeste.

Les Pampilles, quant à elles, adoptent la forme stylisée de feuilles d’érable, de frêne, de hêtre ou de chêne, découpées dans leur essence respective. Elles évoquent à la fois les ornements de Noël de Meisenthal et la légèreté des mobiles suspendus. Suspendues à une branche, elles réintroduisent la forêt dans l’habitat, sans folklore ni pastiche.

Une esthétique de l’épure et du geste

Le choix des formes simples, presque archétypales, associées à une finition brute et sincère du bois, rappelle d’autres projets explorés sur BED comme Façonner le vivant de Raphaël Ménard ou les créations tactiles d’Inga Sempé. Il ne s’agit pas ici de réinventer l’objet mais de lui redonner une fonction relationnelle, émotionnelle. La main, le regard, le souffle du vent deviennent les derniers outils du design.

Circuits courts et impact local

Chaque pièce est conçue et fabriquée en circuit court, entre Rimling et Bitche, et vendue dans les points névralgiques du territoire, comme le CIAV à Meisenthal ou le marché de Noël de Strasbourg. Ce choix de relocalisation des savoir-faire, en lien avec une matière locale, participe à la structuration d’une filière bois territoriale à haute valeur ajoutée culturelle et sociale.

Une voie ouverte pour le design intelligent (et non artificiel)

Alors que l’intelligence artificielle s’infiltre dans les processus créatifs, Kaspar et les Pampilles tracent un autre chemin. Celui d’un design contextuel, ancré, qui laisse une place à l’imprévu, à l’humain, au geste imparfait. Là où l’IA modélise, prédit et standardise, ces objets célèbrent le vivant, le local, le sensible. Une réponse subtile, mais puissante, à la standardisation générée par les outils numériques.

Un écureuil au panache de sapin, des feuilles suspendues qui capturent la lumière… Le travail d’Aequo.design pour MAGIQUEB!TCHERLAND dépasse la simple création d’objets : il esquisse un lien tangible entre design, territoire et émotion. Une forme de magie douce, taillée dans le bois du Bitcherland.

En savoir plus sur le studio : Aequo.design

By Blog Esprit Design