La revue d'architecture et de design
Ta.Tamu : une assise pliable imaginée par Patrick Jouin et Dassault Systèmes

Ta.Tamu est née d’une collaboration ambitieuse entre le designer français Patrick Jouin et Dassault Systèmes.
Le projet se présente sous la forme d’une chaise monobloc, imprimée en 3D, mais qui veut aller plus loin que nos utilisations habituelles de cette technologie grâce à la puissance de Dassault et de ses outils. Elle sera ici pliable et sans assemblage, marquant ici une réelle innovation de structure.
Le designer, repousse ainsi les limites de conceptions sur ce genre de pièce, en reprenant des éléments nous rappelant les articulations du corps humain.
Une conception allégée et biomimétique
Pensée pour ne peser que 3,9 kg tout, elle pourra supporter un poids de 100 kg au maximum ! La structure en treillis s’inspire de la logique de la densité osseuse et des articulations humaines, comme évoqué plus haut lui conférant une grande résistance. Elle optimise au maximum la matière, les formes, pour ne mettre que ce qui est strictement nécessaire, rien de plus, rien de moins. L’esthétique, passe au second plan…
Le numérique comme coéquipier de création
Le processus de conception s’est appuyé sur la plateforme 3DEXPERIENCE Cloud de Dassault Systèmes, offrant un environnement où designers et ingénieurs ont pu modéliser, simuler et ajuster en temps réel chaque composant. L’utilisation de jumeaux virtuels pilotés par l’intelligence artificielle a permis d’affiner les zones critiques de la chaise (articulations, points de pression, géométrie globale). C’est là une nouvelle fois, où le designer entre en scène pour échanger et discuter avec la technique, les ingénieurs, les concepteurs et repousser les limites de l’outils.
Il est interessant d’atterrir sur une création de chaise, je sais, le design ce n’est pas que du mobilier (je vous vois venir) mais au moins il est compréhensible de toutes et tous et offre visibilité et impact. On a toutes et tous au moins une chaise et sa fonction universelle reste inchangée depuis des dizaines d’années.
Cette démarche a abouti à une réduction de matière de 75 % par rapport à une version pleine, tout en préservant robustesse et fonctionnalité.
Pas dans la même registre, mais le jeu du less is more, offre de beau résultats et réflexions, comme pour ce tabouret, Dots Stool
Ta.Tamu est imprimée en position pliée, grâce à un procédé de frittage de poudre (polyamide PA 2200), ce qui élimine tout besoin d’assemblage après production. Une fois sortie de l’imprimante, elle est prête à être déployée et utilisée.
Sur le plan technique, le projet s’appuie sur une structure composée de 23 éléments intégrés par 33 articulations millimétrées permettant un dépliage fluide et précis, un équilibre délicat entre souplesse et stabilité.
Un projet inscrit dans une quête longitudinale
Ta.Tamu poursuit une réflexion engagée de longue date. Dès 2004, Jouin a exploré l’impression 3D avec la collection Solid, puis avec des objets comme One Shot (2006), Bloom (2010) ou encore le Banc Monolithique (2017), qui ont tous mis l’accent sur le monobloc, le gain de matière ou les formes innovantes rendues possibles par le numérique.
Le prototype initial Tamu, dévoilé en 2019, fut une expérimentation esthétique et technique, davantage manifeste que fonctionnelle en raison d’un maillage fragile. Depuis lors, plusieurs années de prototype en prototype ont permis de faire évoluer le projet vers la version opérationnelle que représente aujourd’hui Ta.Tamu.
À travers Ta.Tamu, surgit une proposition plus qu’un simple objet : l’idée que contraintes et frugalité peuvent devenir une source de forme. Le projet témoigne d’une économie générative, où le design s’enrichit d’une démarche écologique et raisonnée dès l’idéation.
Plus d’informations sur le designer et projet : Patrick Jouin
Plus d’informations sur la société : Dassault Systèmes