La revue d'architecture et de design
Duplex : la nouvelle scène belge du mobilier circulaire

Installée à Bruxelles, la jeune marque de mobilier Duplex transforme les chutes industrielles en mobilier. Et c’est la matière elle-même qui stimule la création et impose ses contraintes : bois de parquet semi-massif, panneaux HPL démontés, pierre bleue wallonne ou tubes inox deviennent autant de gisements à valoriser.
En 2020, quatre amis, Gaston Golstein, Arnaud De La Haye, Hippolyte Reverchon et Aldo Dalla Palma lancent Duplex Studio, une agence de design et de stratégie produit. Au fil des projets, on a pris conscience que 70% de l’impact d’un objet dépend de sa matière première. On a lancé quelques projets auto-initiés qui ont bien fonctionné alors on décidé d’aller plus loin, explique Aldo.
Ils abandonnent l’agence pour créer leur propre marque : du mobilier conçu exclusivement avec des chutes industrielles et des matériaux de réemploi. La revalorisation des matières, c’était très important pour nous.
C’est ainsi que naît Duplex, aujourd’hui installée sur un site industriel bruxellois. Tout est réalisé en interne : sourcing, conception, essais/erreurs, production… La marque se consacre au mobilier professionnel (hôtels, restaurants, bureaux, espaces de co-living…) avec l’ambition d’apporter une réponse responsable aux besoins du secteur.
C’est la matière qui guide la forme
Chez Duplex, rien ne commence par une dessin. On part vraiment de la matière pour déterminer ce qu’on va faire. C’est elle qui guide la forme, poursuit Aldo. Grâce au studio intégré, les prototypes et essais se font directement dans l’atelier. L’objectif : intervenir le moins possible, éviter les coupes inutiles et respecter les qualités du matériau.
De là naissent des collections où toutes les pièces sont conçues à partir de matières upcyclées, même si l’ajout de connectiques ou d’autres consommables nous oblige parfois à recourir à de la matière neuve.
Les gisements, au coeur du modèle
Le premier gisement marquant de Duplex a été celui des chutes de parquet : 4 000 mètres linéaires récupérés en fin de ligne pour lancer une première collection. Un flux aujourd’hui voué à disparaître : l’industriel a revu sa ligne de production et sa gestion des déchets, ce qui met fin à l’approvisionnement. La collection va s’arrêter mais le design peut facilement coller à un autre type de matériau. On va sûrement le réinventer dans une nouvelle finition. Le design perdure, les matériaux évoluent.
À l’inverse, certains gisements sont plus constants, comme la pierre bleue issue de carrières belges, extraite dans le sud du pays. Une matière fascinante mais exigeante. Pour la transformer en luminaire, Duplex s’appuie sur des machines à commande numérique open source, développées avec son voisin Mekanika : On a hacké une machine pour pouvoir usiner la pierre grâce à un jet d’eau qui vient refroidir la mèche. C’est l’avantage de travailler avec de l’open source, on peut vraiment adapter nos machines.
Un sourcing de terrain
À ces matières s’ajoutent d’autres flux réguliers ou ponctuels : des panneaux HPL qui ne peuvent plus être réemployés après démontage, des poteaux d’acacia issus d’ateliers de menuiserie ou encore des tubes inox provenant de stocks dormants.
Parmi les gisements les plus proches, une coopérative bruxelloise travaillant le bois de la forêt de Soignes fournit aussi de petites chutes utilisées par Duplex pour créer des variations de lampes.
Pour trouver ces matériaux, l’équipe contactait jusqu’ici des industriels de son réseau mais se trouve de plus en plus sollicitée par les partenaires. On cherche des chutes assez standards pour garder une production industrielle. Il faut aussi que les matériaux soient solides, compatibles intérieur/extérieur et facilement usinables. Le sourcing reste volontairement court et exclusivement en Europe.
L’autre défi : stocker pour produire
Le stockage est rapidement devenu un point sensible. Les matières arrivent par lots, parfois massifs, parfois très espacés. C’est un gros challenge pour une petite entreprise, reconnaît l’équipe. L’atelier actuel, situé dans un parc industriel bruxellois, offre un superficie d’environ 500 m² et regroupe à la fois fabrication, zones de stockage et bureaux.
On a besoin d’avoir la matière première à disposition pour répondre rapidement aux demandes. En fonction des flux, on active nos partenaires, explique Aldo. À terme, l’équipe sait qu’elle devra s’agrandir. On va sûrement devoir investir des espaces complémentaires pour notre stock froid et ne pas dépendre des livraisons.
Des projets qui montent en puissance
Depuis le virage opéré par Duplex en 2023, les projets se sont enchaînés. L’entreprise compte désormais dix personnes. Une levée de fonds en début d’année est venue soutenir la croissance.
L’un de nos premiers partenariats dans l’hospitality s’est déroulé à Gand avec l’Hôtel Jam. Il y avait 120 chambres à équiper ainsi que l’espace restauration. Duplex a aussi participé à l’ameublement de la cafétéria de l’Université Libre de Bruxelles et à l’aménagement de Wolf, un food market à Anvers. On travaille aussi sur des projets sur-mesure, comme récemment avec une entreprise de co-living.
La jeune marque belge s’apprête à dévoiler plusieurs nouveaux projets, notamment à Paris.
Chez BED, on va suivre tout ça de très près !
En savoir plus sur la marque : Duplex































































