La revue d'architecture et de design
Atelier ANOVA : la matière retrouvée au cœur de la création design

Entre art décoratif et innovation circulaire, l’atelier ANOVA (anciennement Klaroushka), fondé par Clara Schwarz, trace une voie singulière dans le paysage du design contemporain. Architecte de formation, Clara développe à Paris un travail de composition sur-mesure à partir de matériaux déclassés, revalorisés par une technique unique : le Polyzzo.
Un procédé qui conjugue esthétique, durabilité et ingéniosité technique. Elle propose de créer votre propre matériau, propre esthétique sur base des éléments quelle pourra récupérer.
Réemployer, recréer, sublimer : un manifeste de design responsable
Derrière ANOVA, il y a une conviction forte : les matériaux oubliés ont encore beaucoup à offrir. Loin d’être des rebuts, les chutes de cuir, de jean, de marbre ou de textile sont ici perçues comme des ressources dotées de mémoire, de textures, de récits.
Grâce à une méthode de marqueterie contemporaine, ces fragments sont intégrés dans un liant en plastique recyclé (principalement issu d’emballages médicaux ou alimentaires) pour donner naissance à des carreaux étanches, solides, démontables – et donc réutilisables. Car oui nous connaissons le terrazzo, mais ici place au Polyzzo, où d’autres matériaux comme le textile peuvent entrer dans cette conception originale
Cette approche artisanale, développée et maitrisée, permet la création de revêtements modulables, mobilier, fresques, éléments décoratifs et objets lumineux. Loin d’un simple exercice de style, il s’agit d’un design de sens, nourri par la contrainte matérielle et la richesse du déjà-là.
On est parfaitement dans la démonstration de circularité.
Le Polyzzo : un matériau-caméléon au service des projets
Au cœur de l’atelier, le Polyzzo se distingue comme un matériau de revêtement hybride, capable d’accueillir des incrustations de bois, de métal, de textile ou encore de céramique. Chaque projet devient alors un terrain d’expérimentation esthétique où les contrastes – rigide et souple, brut et raffiné, industriel et artisanal – coexistent harmonieusement.
Cette versatilité ouvre des perspectives enthousiasmantes pour l’architecture intérieure, la scénographie et le design retail. Parmi les réalisations phares :
- Une fresque sur-mesure pour une marque de cachemire, utilisant ses propres chutes textiles comme motif.
- Des appliques lumineuses intégrant des carottes de verre récupérées et un liant issu d’emballages hospitaliers.
- Un échiquier graphique, composé de fragments de vitraux d’un atelier d’artisanat.
- Du mobilier multifonctionnel pensé avec Les Résilientes (Emmaüs Alternatives), entièrement fabriqué à partir de chutes textiles.
Chaque pièce est fabriquée localement, à Paris, dans une logique d’économie circulaire à haute valeur ajoutée esthétique.
Loin d’un geste isolé, le travail de Clara s’inscrit dans une ambition de déploiement. Les pièces créées sont conçues pour être facilement déplaçables, démontables, transformables. Une flexibilité précieuse pour les architectes et scénographes en quête de solutions pérennes et réversibles, en phase avec les nouveaux usages de l’espace et les contraintes environnementales.
Cette modularité, conjuguée à la qualité plastique des compositions, en fait un terrain fertile pour des collaborations sur-mesure, dans l’univers du luxe, de la culture, de la mode ou encore du commerce.
Merci aussi pour l’exercice réalisé autour de BED démontrant aussi la capacité fini de création sur mesure, pour des enseignes, de la signalétique etc… (avec une belle histoire derrière les matériaux, une base enplastique recyclé PP, emballages médicaux de l’hôpital Necker avec des inserts en cuir issu de stock de La réserve des Arts)
ANOVA, ou l’héritage du geste dans une esthétique du fragment
Au-delà de l’aspect technique, ce qui frappe dans ces productions, c’est la présence du geste. Clara Schwarz compose ses pièces comme des tableaux : elle agence, découpe, superpose, joue des textures et des teintes. L’influence de la mosaïque et de la marqueterie est assumée, réinterprétée par une esthétique radicalement contemporaine.
Chaque insertion raconte une histoire de matière, une mémoire d’usage, un passage d’état. Une sensibilité qui parle aux amateurs de design attentifs aux récits invisibles, aux architectes en quête de sens, aux designers soucieux de s’ancrer dans le réel.
En avoir plus sur l’atelier : ANOVA