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Matali Crasset et le numérique, entretien
A l’occasion de la 5e édition du concours Orange jeune designers « Orange vous donne la main », rencontre avec Matali Crasset, designer et président du jury.
Dans un premier temps pourriez-vous définir l’objectif du concours Orange Jeunes Designers ?
Cette année c’était orienté sur le service utilisateur. C’était assez proche du corps de métier de Orange mais nous avons primé des projets qui allaient bien plus loin que ça et qui partaient de l’utilisateur pour ensuite proposer des choses plus amples
Vous participez volontiers à ce type de concours…
Oui, on y voit ce qu’il y a dans la tête des jeunes générations et l’enjeu était de savoir comment ils appréhendent le numérique
Dans une interview pour Samgung Lauching People, vous disiez qu’il y avait un manque de social dans les propositions du concours… Celles faites pour Orange ont-elles mieux intégré cette question du social ?
Oui, particulièrement un, qui s’appelle Argile et qui est le prix « Concrétisation », catégorie des jeunes diplômés. Ils ont travaillé au niveau d’une communauté et ont proposé un lieu physique lié à une plate-forme numérique où l’idée principale est d’être contributeur. Aussi bien dans ce lieu physique que dans la plate-forme numérique il y a l’idée de mettre les gens à contribution
Pensez-vous que vous apportez, vous aussi, à ces jeunes designers des idées, un état d’esprit ?
J’ai juste donné quelques indications avant de commencer la compétition. Comme les sujets étaient en relation avec les métiers d’Orange, je leur ai demandé de réfléchir plus à ce que pouvait être une empathie numérique. Comment arrive-t-on à transcender des valeurs qu’on a dans le réel dans une plate-forme numérique… C’était la direction
Comment définiriez-vous ce terme de l’empathie et plus concrètement au niveau du numérique ?
L’empathie est la faculté de pouvoir savoir ce qu’attendent les autres globalement. Aujourd’hui les outils numériques le permettent mais le problème c’est qu’il est souvent fait dans un côté réducteur. Ce n’est pas une empathie généreuse mais calculatrice. L’enjeu était alors de retourner un peu cette tendance et de voir comment on pouvait travailler en élargissant sans retomber vers la même chose
Il est vrai justement que le numérique a beaucoup de préjugés…
Dans le numérique, on fait le meilleur comme le pire. Ce n’est pas vraiment le numérique mais c’est ce qu’on en fait. Sur le projet « UP TO YOU », c’est assez caractéristique puisqu’ils sont partis vraiment des utilisateurs et se sont dit qu’ils avaient besoin d’une plate-forme de service, Orange ou pas. Ils ont mis une sorte de cartographie de services à personnaliser avec des icônes. Ils avaient envie d’avoir un seul outil qui regroupe aussi bien Orange, mais aussi tous les providers. Pouvoir se repérer avec une seule chose est quelque chose d’assez intéressant. On a besoin de s’y retrouver avec un seul et simple accès face à chaque fournisseur
En dehors de l’empathie et dans le domaine du design quels seraient les maîtres mots ?
Ce qu’on a constaté dans ce concours, c’est qu’il y avait une grande volonté de faire en sorte que la communauté puisse répondre et pas uniquement les techniciens Orange. Dire que tout le monde est capable de résoudre tous les problèmes. On le voit déjà exister et ces jeunes pensaient que ça pouvait être un système général La deuxième notion est le ton qui est donné par tous ces organismes comme Orange ou d’autres.
On a la volonté d’avoir quelque chose de plus familier, plus proche et moins impersonnel. Un des binômes et lauréats a proposé d’interagir de manière très simple et différente sous forme de sms par exemple
Pour ma part, je vous ai découvert grâce à une installation qui s’appelle « Nano-ordinaire » que vous aviez fait lors de la Biennale de design en 2013 à St Etienne où le thème principal était l’empathie. Vous aviez travaillé sur l’habitat et son rapport à l’homme. Comment voyez-vous ce rapport aujourd’hui ?
Le propos était d’utiliser des petites quantités d’énergie qu’on récupérait pour les consommer sur place de façon à redevenir autonome en quelque sorte et de ne pas se sentir dépendant pour l’approvisionnement d’énergie Aujourd’hui si je faisais une expo sur l’habitat, l’urgence serait plutôt de définir des singularités et de faire en sorte que les gens puissent s’approprier les espaces, puissent casser les codes à l’intérieur de leur espace personnel. Notamment avec l’arrivée de « Air Bnb », on a l’impression que les appartements sont des appartements à photographier. On est prêt à les louer. La notion d’habiter est presque issu d’un magazine de décoration
L’idée du privé est remise en cause…
Voilà c’est un peu l’idée d’habiter pour les autres et pas uniquement pour soi en tout cas. On doit être dans une idée que les autres puissent s’approprier facilement. On passe donc par des codes que tout le monde connait, ce qui assèche énormément la singularité des espaces.
Nous parlions du numérique, ce qui m’amène à penser à l’inverse à l’artisanat. Vous aviez dit en 2015 que la France avait du mal avec l’artisanat en comparaison avec l’Italie, à votre avis pourquoi et pensez-vous qu’il y a une évolution ?
Pas exactement l’artisanat mais tout un groupe de petits artisans qui travaillent avec les industries et sur des prototypes. Les artisans sont des gens qui ont des savoir-faire mais qui restent souvent autour d’une même idée. Il y a peu d’ouverture sur d’autres choses. Parfois en combinant deux domaines cela permet de donner plus de singularité, de se différencier Les artisans d’art sont d’une autre catégorie et sont entre l’artisan et l’artiste. Ils vont souvent creuser un sillon toujours dans la même direction en essayant de trouver celui le plus rémunérateur et peut-être expérimentent moins par la suite…
On voit beaucoup les métiers de l’artisanat refaire surface…
Il y a une revalorisation, ce sont des auto-entrepreneurs. Les jeunes ne veulent plus être dépendants de quelqu’un et veulent leur propre entreprise avec les galères qui vont avec, mais en tout cas ils ont une sensation de liberté de choix et d’action au quotidien plus importante.
Merci à matali crasset pour sa disponibilité
Plus d’informations sur le concours : Orange
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Je suis en einfühlung c’est à dire en français en intropathie avec tout designer dont je connais les dessins préparatoires et le paratexte ( le texte autour du projet ou du produit) C’est à dire que je suis à la fois dans la tête qui pense et dans la main du designer qui dessine. Je vois même en arrière de la main ( the back of my hand.) des designers archi connus
MATALI , DEUS EX “ORANGE” ? Avec 300 000 occurences Google Matali Crasset est une designer française connue et reconnue mais il n’en reste pas moins que je n’ai jamais vu ses produits hors de sa petite boutique lieu commun partagée avec 2 autres creatifs 5 rue Filles du Calvaire à 75003 Paris… et d’une expostion monographique à Saint Brieuc… …. J’essaie comme elle d’entrer dans la tête des jeunes designers inconnus mais aussi de ceux qui ont réussi comme Matali leur individuation formalisée, conceptualisée textalisée et…. colorée c’est à dire le processus de « distinction d’un individu des autres de la même espèce ou du groupe, de la société dont il fait partie » Matali Crasset est liée au mot Orange par 127 000 occurences et au numérique par 10 fois moins d’occurences. Ce n’est pas un designer numerique au sens donné par Jean Louis Frechin, Elle est plus liée à une couleur qu’elle s’est appropriée qu’à une marque qui porte le même nom…Matali Crasset n’a pas gagné dans sa jeune carrière beaucoup de concours . Ce qui ne l’empêche pas d’être , 25 ans apres son diplome de l’Ensci, plusieurs fois par an membre de jury et presidente de concours ( 10 à 15 % de ses citations sur Google)…