La revue d'architecture et de design
Le Coffre à jouer : Coulisses de l’exposition
Partons à la rencontre de LESLIE SETBON, Scénographe et ANNE MONIER, Commissaire de l’exposition : Le coffre à jouer : les jouets du musée des Arts décoratifs comme vous ne les avez jamais vus.
“Aujourd’hui, je vous raconte ma rencontre avec Leslie Setbon, architecte d’intérieur scénographe et plasticienne, et avec Anne Monier, conservatrice du département des jouets au musée des Arts décoratifs. Ensemble, elles me font part de leur collaboration pour la réalisation de l’exposition « Le coffre à jouer », actuellement présentée aux Arts Décoratifs à Paris.” Maud
Découvrons d’abord qui est Leslie Setbon
– Qui es-tu ?
Qui suis-je ? Bonne question ; je pense que je suis une artiste qui aime s’exprimer en 3D. J’aime occuper un espace, m’exprimer librement, avoir 100 idées à la minute, et surtout m’amuser.
– Peux-tu nous parler de ton parcours, et plus précisément de ta formation scolaire et professionnelle en quelques mots ?
J’ai toujours su que je ne pourrais m’épanouir que dans l’art, qu’il soit libre ou technique. Je devais trouver ma voie dans cet univers. C’est pourquoi j’ai privilégié un parcours artistique dès le lycée, puis une formation supérieure dans une école d’architecture d’intérieur. Ces formations ont été essentielles pour mes choix professionnels futurs.
A l’issue de mes études j’ai monté une boite intitulée « 100preuves » avec une artiste plasticienne Chloé Coudrette avec laquelle j’ai travaillé en binôme pendant des années. Suite à cela j’ai intégré différentes sociétés dans lesquelles j’ai pu travailler dans des domaines très différents comme l’hôtellerie et le « retail » de luxe ou encore dans la confection d’appartements de haut standing. Aujourd’hui je travaille à mon propre compte, en privilégiant actuellement certains projets axés sur la scénographie muséale.
Je puise ainsi dans mes expériences ultérieures pour alimenter mes projets en cours. En effet, je suis particulièrement éveillée aux besoins et demandes du client, avec une attention accrue pour le détail, grâce à l’enseignement que m’a inculqué l’industrie du luxe.
– Quel est ta philosophie, ta conception de ce métier ?
Ma philosophie et ma conception de ce métier tourne autour de : La rigueur, la disponibilité, l’ouverture d’esprit, et l’épanouissement.
– Tu travailles entre Paris et Tel-Aviv, comment organises-tu tes projets ?
Je suis quelqu’un d’assez flexible. J’aime aller là où le vent me porte et pouvoir travailler là où les projets m’appellent. Je fais des projets dans des délais qui me permettent d’avoir ce genre vie, car j’aime avoir une multitude de différents univers à traiter.
– Sur quoi travailles-tu en ce moment ?
Je suis sur plusieurs projets, mais une chose est sûre c’est que j’ai comme cible les galeries d’art et la scénographie. C’est un nouveau challenge pour moi, mais je me suis rendue compte que cette branche de mon métier me permettait de lier les deux univers qui me touchent le plus : Le design et l’art.
– Consultes-tu régulièrement des livres, sites, blogs consacrés au design et à l’architecture d’intérieur ?
Je suis une grande adepte des blogs, je suis abonnée a une dizaine d’entre eux, dont B.E.D bien entendu, mais aussi Interior Design Magazine, Le Journal du design ou encore Archdaily, et tellement d’autres… D’ailleurs, mes réseaux sociaux ressemblent eux aussi, plus a des blogs. J’aime partager des trouvailles, sélectionner des ambiances, partager des talents pour essayer d’inspirer mon entourage…
– Quels sont les architectes qui t’inspirent ou que tu apprécies particulièrement ?
Joseph Dirand Architecture par exemple car j’aime son élégance, la pureté de ses lignes et le choix de ses matériaux. Il y a aussi Zaha Hadid, Ora Ito, Tadao Ando… j’en passe !
– Où te vois-tu dans 5 ans ? 10 ans ?
Un peu partout, ayant toujours la bougeotte pour découvrir d’autres architectures et cultures pouvant inspirer mon travail, et alimenter mes références.
– Quel projet aurais-tu aimé réaliser ?
Je crois qu’il y en a tellement, que j’aurais du mal à choisir… Peut-être l’installation d’Olafur Eliasson réalisée pour la Fondation Louis Vuitton.
– Que peut-on te souhaiter pour l’avenir ?
Beaucoup, beaucoup de plaisir et de création ! J’espère continuer à avoir des projets en perspective et des collaborations comme celle faite avec Anne Monier au musée des Art décoratifs.
Parlons un peu de votre collaboration…
– Racontez-nous la naissance de ce projet : Comment en êtes-vous venues à faire cette scénographie ensemble ?
Anne Monier :
Le projet était de donner du sens à la collection de jouets, qui a commencé à prendre forme il y a 150 ans. Cela était également l’occasion de célébrer l’anniversaire des 40 ans du département des jouets aux Arts Décoratifs.
Aux Arts Décoratifs, nous n’avons pas de scénographe attitré. Nous aimons travailler avec de nouveaux designers pour permettre l’éclosion de la nouvelle création. En effet notre musée est un lieu dédié à la conservation du patrimoine, mais c’est aussi un lieu qui promeut l’enseignement grâce à l’école Camondo. Cette dernière a pour vocation la transmission des savoir-faire afin d’établir un réel soutien pour les créateurs émergents. Nous aimons également suivre le travail de nos scénographes qui font généralement une belle carrière.
En ce qui concerne notre collaboration, je suivais déjà personnellement le travail de Leslie. Je lui ai donc proposé de relever ce défi qu’elle a accepté avec plaisir.
Elle a réalisé une scénographie inspirée, ludique et drôle pour permettre aux visiteurs de s’émerveiller et de s’évader lors de ce parcours. Nous voulions aussi remplir le défi de faire aimer le musée aux enfants pour leur donner envie de revenir plus tard.
– Comment s’est passée votre collaboration ?
Leslie Setbon : En ce qui me concerne, c’était une belle surprise. Il y a tout de suite eu une effervescence intellectuelle entre nous. C’était une collaboration basée sur la confiance qui s’est opérée dans la bonne humeur malgré les aléas de l’installation. J’aimerai souligner que j’ai particulièrement aimé l’ouverture d’esprit ressentie au sein de ce musée. Cela nous a permis de bénéficier d’une liberté incroyable ponctuée par beaucoup d’humour car rappelons le, toutes les scénographies ne commencent pas en entrant sous les jupes d’une femme !
– Quels ont été les différentes étapes de cette scénographie ? Inspirations, recherches, méthodes de travail jusqu’à sa fabrication ?
Anne Monier : Il y avait un gros challenge dans ce projet. En plus du délai très court qui nous a été imposé, il s’agissait de faire cohabiter plus de 300 jouets, parfois très différents les uns des autres. Dans le cadre de cette exposition, cette sélection d’objets devait symboliser l’étendue importante de la collection de jouets (près de 15 000 pièces), qui n’était pas exposé dans sa totalité.
Leslie Setbon : Pour moi il était important de mettre l’enfant au cœur de ce projet. Cette scénographie est pensée pour mettre le visiteur à la place de l’enfant à travers des échelles parfois surdimensionnées. De plus, je me suis inspirée de l’indiscipline de l’imaginaire, et de l’univers fantasmé propre à l’enfance.
– Comment s’est passée la soirée d’inauguration ?
Anne Monier : C’était incroyable. Il y avait beaucoup de monde. C’était une inauguration en deux temps : le début de soirée était composé d’un public familial. Quant à la deuxième partie, il s’agissait d’un monde plus adulte. Les gens avaient l’air d’être à l’aise. Ils semblaient discuter de leurs propres expériences avec les jouets, tout en évoquant des souvenirs qui traversaient tous les âges. C’était pour Leslie et moi-même une inauguration qui a vraiment été un bel aboutissement de ce travail d’équipe.
Leslie Setbon : Pour moi, l’émotion perçue dans les yeux des enfants mais dans ceux de leurs parents était vraiment la plus belle des récompenses.
– Et quel retour avez-vous sur votre scénographie ?
Anne Monier : Nous avons eu un retour plutôt positif. En effet, nous avons eu un bel article dans Le Parisien, ainsi que dans le « So Design » du Figaro mais aussi dans certains blogs. La scénographie marche très bien, les gens aiment la mise en scène et l’espace. Le carrousel plaît également beaucoup.
– Avez-vous envie de parler d’une chose en particulier ?
Leslie Setbon : Le moment où le Carrousel s’est mis à fonctionner. J’avoue qu’on a eu quelques soucis techniques car il y avait un problème de niveau, suite à sa dernière utilisation. Mais quand il a enfin marché, il y a eu une joie euphorique générale, tout le monde a regardé le Carrousel tourner pendant 2 min : les 2 minutes les plus longues d’un montage. Le montage était à l’image de cette installation, un montage qui s’est fait dans la bonne humeur.
– Avez-vous un designer, artiste, scénographe à nous faire découvrir pour une prochaine interview ?
Leslie : Une Scénographe que j’adore : Nathalie Crinière, de l’agence NC.
Anne : Constance Guisset, c’est vraiment une personne à suivre. (Leslie ajoute : une poète de l’espace.)
En conclusion : Une première scénographie prometteuse pour notre jeune scénographe, une exposition ludique réalisée avec humour et poésie, qui nous place spatialement parlant d’un point de vue d’enfant. Un grand merci aux Arts Décoratifs pour leur accueil et la visite guidée. Vous avez encore jusqu’au 30 août 2015 pour découvrir cette exposition, alors si vous aussi vous avez envie d’avoir les yeux qui brillent, ou bien vous souvenir de votre enfance, ou encore de partager votre plus belle image déguisée en Barbie, ou en nounours sur les réseaux sociaux, n’hésitez pas, et rassurez-vous, il y en aura pour tous les âges. Pour plus d’informations pratiques RDV sur le site des Arts décoratifs.
Période : 9 avril au 30 août 2015
Lieu : Les Arts Décoratifs – galerie des Jouets 107 rue de Rivoli 75001 Paris
Merci à Maud W pour ce reportage et cette interview, exposition, scénographie, création de jouets, domaines où le travail du designers et ses idées s’exposent.