La revue d'architecture et de design
AD Intérieurs 2015 – Les Décors – Le Cabinet D’esthète de Thierry Lemaire
Poursuivons notre dossier dédié à l’exposition Ad Intérieurs 2015 par la présentation de chacun des décors.
Avec ses lignes brutes et ses matières sophistiquées où styles et époques se côtoient avec une justesse résolument masculine, ce cabinet d’esthète imaginé par Thierry Lemaire est une invitation dans le monde de l’architecte/designer/décorateur.
– Pouvez vous nous expliquer la conception de cette pièce ?
Le thème de cette année étant le futur je suis parti d’un principe non pas technique sur le futur mais plutôt spirituel. Je pars du principe que c’est un la fin du monde à l’extérieur et que l’on se retrouve enfermé dans un blockhaus. C’est pour cela que nous avons fait des murs en faux béton et donc une pièce complètement souterraine.
La question est: « Qu’est ce que moi avec la culture que j’ai aimerais avoir comme objet de décoration dans cette pièce là? »
J’ai donc apporté le coté historique avec des boiseries 18e, avec un tableau de Tropaz qui date de 1660, avec des têtes romaines du 2e et 3e siècle, mais aussi des éléments très contemporains comme ce tableau de Armleder datant de l’année dernière. Donc c’est un savant mélange de style et d’époques. Dans cette pièce enfermé je vivrais là et je m’y sentirais bien.
À coté de cela nous avons créé tout le mobilier qui est présenté. Pour la table nous avons essayé de trouver un matériau à base de laiton, matériau très utilisé en ce moment que je voulais dériver car j’ai toujours travaillé le laiton. La table est passée à la flamme, ce qui donne cette texture très particulière. La cheminé est une vraie cheminée qui peut fonctionner, aussi avec ce matériau laiton plus un acier polynoirci. Le fauteuil est également une création.
Le guéridon en bronze est assez brutaliste. Cette petite table basse a été travaillée par une mosaïste: nous retrouvons les matériaux qu’il y a sur le mur avec le béton, nous retrouvons également de l’acier et des coulures de métaux ainsi que le laiton, dans un esprit qui évoque une horloge en référence au temps qui passe.
La table basse sur les cotés qui a été faite par un artiste grec qui travaillait le bronze en France dans les années 60 – 70. C’est un mélange de cultures et de repères. Le canapé que nous avons aussi dessiné se rapproche tout à fait du style du panneau 18e qui est en face.
Le luminaire est contemporain, sur une base de LED, nous avons également dessiné des spots au plafond avec leur petite tige en laiton qui vont être édités par la société Moluard.
Nous sommes dans un pièce dans laquelle on est enfermé et où l’on doit se sentir bien. « Qu’est ce que culturellement parlant pour être bien je vais ramener? » C’est pour cela que nous retrouvons un mélange d’époques ainsi que de styles que les gens trouvent apparemment intéressant.
– Pouvez vous nous parler des panneaux muraux ?
Ce sont des panneaux 18e qui m’ont été confiés par monsieur Féau, un antiquaire, qui sont d’origine inconnue. Je pense qu’ils proviennent d’un hôtel particulier Parisien ou peut être d’un château. Donc il s’agit de pièces très précieuses et uniques, pratiquement au niveau Le Louvre. Des choses vraiment exceptionnelles en somme. Nous avons donc joué dans la qualité en voulant mettre des choses assez exceptionnelles.
– À qui se destinerait cette pièce résolument masculine ?
Je l’ai conçue en me disant qu’est comment moi, Thierry Lemaire, dans cette philosophie d’avenir et culturelle s’enferment, je me sentirais bien bien ici. Je dessine beaucoup de meubles, je fais beaucoup de décoration d’appartements, j’aime bien les mélanges, c’est pour cela que je ne fais pas tout en général, je m’arrête à un certain stade. Ici c’est un mélange entre des artisans contemporains et des artisans du passé donc on nage dans l’histoire. C’est un espace équilibré et culturellement intéressant, et pas uniquement axé sur le contemporain ou le futur. Il s’agissait de vraiment de rapporter notre histoire et ce qui en restera plus tard.
– Donc vous avez choisi une pièce sans fenêtre ?
Tout à fait. À la base j’avais une fenêtre , que j’ai faite fermer: je voulais mettre une cheminée car en effet dans un blockhaus il n’y a pas de fenêtre.
– Quelle est la taille de votre équipe ?
J’ai travaillé avec un assistant qui a travaillé sur le projet. La conception en elle même représente à peu près une semaine. Apres vient la recherche des matériaux. J’avais déjà repéré les boiseries par exemple. Je savais aussi que je voulais avoir un tableau d’Armleder. Après j’ai trouvé les autres tableaux. Très vite j ‘ai cherché des matériaux, ce laiton qui était important pour moi. Cela a été très vite en fait. La mise en oeuvre en elle même et l’exécution prennent à peu près un mois selon ce qu’il manque. L’exécution sur place représente à peu près une semaine de travail.
– Il s’agit de votre quatrième collaboration à AD intérieurs. Est ce plus facile ?
Je l’ai fait 4 fois. Je connais le fonctionnement, je connais maintenant bien la clientèle, les gens intéressés par ce genre de choses.
On est là aussi pour vendre donc on s’adapte à une certaine image d’une certaine clientèle. Et cela nous force à chaque fois à nous dépasser.
Ce qui est formidable dans cette exposition c’est que nous n’avons pas le droit de nous rater: on doit toujours chercher encore plus loin à chaque fois et nous sommes aussi là pour montrer notre savoir faire et montrer aussi qu’en temps que Français – parce que nous représentons un peu la France – qu’est ce que je sais faire aujourd’hui? Jusqu’à quel point nous savons faire travailler des artisans incroyables et réaliser des concepts qui soient élégants, intemporels. C’est un peu le but du jeux et c’est aussi ce que j’essaie de faire d’une manière générale: élégance, intemporalité, originalité.
– Pouvez vous nous parler des artisans avec lesquels vous travaillez ?
Il s’agit pour la plupart d’une collaboration sur le long terme, mais on en découvre toujours d’autres . J’ai découvert la mosaïste par exemple il y a à peu près 6 mois. C’était une collaboration très intéressante sur des choses où rien ne se ressemble. Tout ce qui est métal est fait par une société Suisse à coté de Genève qui s’appelle Art Kern. C’est autant une évolution pour eux que pour moi. Nous sommes partis sur des matériaux différents car il s’agit toujours de se dépasser.
– Aimeriez vous rajouter autre chose ?
Une fenêtre mais vu que je suis dans un blockhaus je ne peux pas! Après il ne faut pas non plus que cela soit surchargé , j’ai toujours beaucoup tout basé sur l’équilibre. Il y a donc dans cette pièce un équilibre et si on lui rajouterait quelque chose ça ferait peut être trop. Moi je m’y sens bien en tout cas.
Exposition AD Intérieurs 2015
Période : du 5 au 20 Septembre 2015 de 14h à 18h (entrée libre sur présentation d’une pièce d’identité)
Lieu : Palais d’Iéna – 9, place d’iéna Paris
crédit photo (si non libellé): SeenByKloé pour Blog Esprit Design.
Retrouver l’intégralité de notre dossier : BED – AD Intéieurs 2015
Plus d’info sur l’exposition : AD Intérieurs 2015
Quand Thierry Lemaire quitte ses dorures et ses marbres pour dessiner une table comme une machine à café en medium laqué, un peu plus democratique, je n’ai rien contre son dessin+ dessein de designer… car cela me parle un peu moins d’apparathttp://www.decoinside.fr/wp-content/uploads/2015/02/4084-7097.jpg
“Je l’ai fait 4 fois. Je connais le fonctionnement, je connais maintenant bien la clientèle, les gens intéressés par ce genre de choses.” En temps qu’amateur de design et d’art contemporain, je me demande qui peut être interessé par “ce genre de choses.”… Je ne vois vraiment rien de brutaliste ou du moins c’est presqu’un oxymore: du brutalisme orné d’or, le fin du fin pour Beyrouth ou Abu Dhabi …. Depuis le roi Soleil, c’est ainsi que nous rayonnons dans le monde…