La revue d'architecture et de design
Design, pêche et traditions
La question de la tradition et plus particulièrement de son empreinte sur les usages quotidiens est un motif de recherche et de réinvention que l’on retrouve assez régulièrement chez les designers.
J’ai retenu cinq projets qui, à partir de l’observation singulière d’usages anciens, remettent à l’honneur certains rituels en reproduisant des gestes, des recettes ou des postures du passé. Outre une volonté explicite de bien-être ou de mieux-être, ces projets sont souvent de l’ordre de l’expérience et s’appliquent à considérer l’action exécutée avec attention et observation. Tous sont emprunts d’une certaine nostalgie. Les designers transcrivent des gestes, des souvenirs de leur enfance ou du mode de vie de leurs grands-parents. Parfois même, leurs recherches vont puiser leur inspiration dans des traditions millénaires.
Le projet de diplôme Morphologies de Sarah Linda Forrer propose de réintégrer la notion de rituel, de bien-être et d’attention à soi-même dans sa toilette quotidienne. Elle tire son inspiration de l’ancienne Égypte, fascinée par l’idée de cosmétique et de nettoyants tournés vers la spiritualité. Elle imagine une collection d’objets pour le soin de la peau inspirée par des croyances et des habitudes égyptiennes. Ainsi elle associe des matériaux classiques : pierre de lave, albâtre, pierre de sel, éponge à des matériaux plus contemporains, fruits de ses expérimentations. Elle propose de mélanger huiles et poudres, de se tamponner la peau, d’éponger les ustensiles dans de petits récipients en laiton comme autant de rituels devant un autel sacré. Beauté et spiritualité ne deviennent qu’un, ajoutant une autre dimension aux soins quotidiens de la peau. Elle esthétise et solennise une action quotidienne banale et tente d’intégrer une part de spiritualité délaissée par nos sociétés contemporaines.
Morphologies projet de diplôme de Sarah Linda Forrer à la Design Academy de Eindhoven, 2014, Pays-Bas
Studio Duende en collaboration avec Eliumstudio ont repensé le vinaigrier. Ce projet nommé Antic BioTec – Vinaigrier pour épicurien évoque un certain art de vivre, entre œnologie et science amateur. Ce projet composé d’un récipient principal et d’une pipette invite à un rituel de dégustation, pour un produit tout à fait commun qu’est le vinaigre, le rendant ainsi précieux et noble. Sa lente fabrication à partir d’une mère de vinaigre force à garder un œil sur l’opération de transformation du vin et à porter une attention particulière à son renouvellement.
Antic Biotec Vinaigrier pour épicurien, par le studio Duende et Eliumstudio, 2011, France
Bread from scratch, du designer allemand Mirko Ihrig propose de la même manière de se faire producteur de sa nourriture, en l’occurrence de son pain. Le procédé est détaillé et transparent, de la récolte des épis à la cuisson du pain. Ainsi ces deux projets permettent de s’impliquer dans la fabrication de sa propre consommation, tout en rendant visible la production alimentaire. Mirko Ihrig déclare à propos de Bread from scratch qu’il a développé ce concept, en réaction à l’ignorance des gens face la provenance de leur nourriture.
Bread from scratch par Mirko Ihrig, 2012, Allemagne
Maddalena Selvini s’est intéressée aux habitudes des gens dans leur rapport à la chaleur. Son point de départ est l’observation d’une rupture entre le climat et le ressenti. La température ne change pas d’un environnement à l’autre, d’une saison à l’autre. « C’est devenu un standard de régler le chauffage à 22°C, gaspillant énergie et argent. Nous finissons par être complètement détaché de notre environnement et de nous-mêmes » déclare-t-elle. Elle évoque sur son site une image nostalgique du passé lorsque les gens étaient réunis autour de la cheminée, ou encore la nourriture en train de chauffer sur un poêle. Elle rappelle également la présence de charbon de bois disposé à être mis dans un bassinoire pour chauffer le lit avant d’aller dormir.
A partir de ces images qui renvoient à une organisation et un mode de vie autour de la chaleur, elle crée un ensemble de pots et d’objets pouvant être empilés sur un même feu pour une cuisson ou leur chauffage. C’est une manière différente d’aborder la cuisine prenant en compte les économies d’énergie. L’utilisateur est invité, après avoir porté le plus grand des récipients à ébullition, à éteindre ses plaques de cuisson. La chaleur continue de se diffuser par inertie et cuit ce que contiennent les récipients pendant quelques heures.
Elle souhaite par ce projet rapporter le sentiment de « foyer » dans nos habitations et recentrer l’individu de manière à conforter la conscience qu’il a de sa propre température. Le foyer « feu » devenant facteur de lien social, lieu de partage de nourriture et de chaleur au sens propre.
S.Pot, projet de diplôme de Maddalena Selvini à la design Academy de Eindoven, 2014, Italie
Enfin ce dernier projet Time for oneself, finaliste du concours Emile Hermès l’an passé réinvente le loisir de la pêche. Le studio Chmara Rosinke a imaginé un set transportable en bois, réunissant les accessoires nécessaires à cette activité : un seau, une canne à pêche et divers outils de pêche, un tabouret et un réchaud. Le studio Chmara Rosinke précise que leur projet est à voir « de manière symbolique ». « À travers lui, nous suggérons que nous retrouvions des loisirs et des moments de détente sans acte de consommation. La pêche illustre parfaitement cette attitude. Nous considérons la pêche comme une activité presque méditative, propice à la relaxation et à la compréhension de la nature ». Enfin, Maciej Chmara en évoquant son inspiration déclare : « je fais partie d’une génération qui a encore été pêché avec ses parents ou grands-parents, ce que ne font plus les enfants aujourd’hui. » On renoue ici avec un loisir en perte de vitesse, dans une société où le temps est un des biens les plus précieux.
Time for oneself lauréat du concours Émile Herme?s par le studio Chmara.Rosinke, 2014, Autriche
Les traditions correspondent dans cette série de projets à un retour au passé souvent idéalisé parfois même utopique. Cependant ces projets apparaissent comme des métaphores de questionnement plus profond sur l’usage, sur les priorités actuelles, voire même sur des nécessités vers lesquelles on tend de plus en plus.
@Prof Z, en effet on est plus sur de l’analyse, de la sélection, de l’explication, non sans aller jusqu’au mémoire, cela donne plus de sens et de fond de réflexion à BED au dela des articles vitrines
ELIUM STUDIIO DANS L’AIR DU TEMPS? Pourquoi ELIUM STUDIO n’a pas fait comme Kevin Champion Duncan Taylor de la verrerie de labo avec sa pipette ?http://www.yankodesign.com/images/design_news/2010/06/23/earl2.jpg
LES DESIGNERS CONTEMPORAINS ONT TROIS CERVEAUX… Le cerveau externe a des capacité tellement etonnante que tout le monde en a un aujourd’hui . Tout le monde a un cerveau mais le designer diplomé surtout s’il est professeur à un cerveau interne à l’ecole de design et un cerveau externe , internet. Les trois sont en interelaction permanente…..Volia le projet ’Arian Brekveld dont Elium concerve une partie de la grammaire c’est à dire les elements de la construction mais pas les proportions . Le referent est plus la parfumerie que la chimie. http://www.treasureseeka.com/uploads/2/1/1/2/21121288/8719328_orig.jpg
SUJET ;MEMOIRE DU TEMPS OU DESIGN SOUS INFLUENCE ?Le present du passé c’est la memoire disait Saint Augustin dans ses mémoires au 4 ème siècle apres JC , le present du présent, c’est l’attention, l’observation, l’avenir c’est son attente. On dirait aujourd’hui ses attentes …. J’ai l’impression de lire sur la toile un memoire de l’ Ensci les ateliers, pas un sujet de blog de design. ( je ne connais pas les memoires du HEAR – École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg mais bien les textes virevoltants d’un prof maniaque textuel Pierre Doze ) .. Pour que mon commentaire ne tourne pas au vinaigre , je me suis concentré sur le projet d’ ELIUM que je ne lis pas comme vous …. mais comme un exercice de contraste ce qui est simple à comprendre ou d’antonymie, ce qui l’est moins….. A travers tous ces projets on peut lire l’ENORME influence de la DAE EINDHOVEN et de l’ECAL…. S’il avait fait cela les ELIUM STUDIO aurait fait de la chimie et pas de contraste entre la pipette et leur BEAU FLACONNAGE PARFUM qui me rappelle la grammaire d’un projet hollandais le shaker à vinaigrette pour Royal VBK d’Arian Brekveld diplômé de la Eindhoven Design Academy in 1995