La revue d'architecture et de design
Penta 1970 : une nouvelle vie pour le mobilier pentagonal de Jean-Paul Barray
Jean-François Bellemère, épaulé par l’oeil de communicant de Philippe Noël, s’est lancé le défi de rééditer un fauteuil qui a tout d’un iconique, le fauteuil Penta. Conçu par le duo Jean-Paul Barray & Kim Moltzer, le fauteuil pentagonal a tout des années 70. La fulgurance esthétique côtoie ici le dépouillement technique, offrant les clés du succès pour une seconde vie bien méritée. Retour sur de grands personnages dont la rencontre à titre posthume n’aurait jamais pu avoir lieu…
Méconnu du grand public, Jean-Paul Barray est le touche à tout par excellence. Après une formation des plus complètes dans les arts et métiers, parachevée par quelques années en architecture aux Beaux-arts, il mêle expérience pratique dans une société de travaux public à un poste de dessinateur chez Le Corbusier, ou encore auprès d’André Wogensky ; entamant des projets qu’il fera évoluer aux côtés de l’architecte Edouard Albert. Cette double casquette à la fois très technique et à la fois très artistique lui vaudra de faire des rencontres très diversifiées, aux richesses aussi opposées que formatrices.
Il oeuvre ainsi chez Technes, partageant des projets résolument industriels avec Roger Tallon, et croisant dans le même temps, via sa nouvelle activité de conseil en ingénierie artistes et industriels comme César, J-P Demarchi, J-L Perrot, Pechiney, ou encore Yves Klein. Son ami Jean Prouvé lui dédiait ces quelques mots : « Qu’il s’agisse de mécanique, de modèles d’architecture, voire d’aviation, je suis, comme beaucoup d’autres qui le connaissent, personnellement, en admiration… ».
On pouvait difficilement se passer de vous en parler : son atelier a également connu la réalisation d’une voiture, en collaboration avec le designer Pierre Colleu : l’Amanda. En parallèle, il dessine et produit sans arrêt, suscitant la conception formes nouvelles, de pièces de mobilier toujours plus originales, à la technique parfois très poussée.
C’est avec Kim Moltzer qu’il signe la table et le fauteuil Penta, deux pièces qui s’accompagnent d’autres créations, de meubles en carton jusqu’à des luminaires, en passant par des pièces commandées à l’occasion de l’exposition “Les assises du Siège contemporain” qui se tient en 68. À partir de son entrée à l’ENSCI, Jean-Paul consacre une grande partie de son temps à ses élèves et à l’enseignement du design.
Les fauteuils Penta se feront par la suite plus discrets, bien que l’un d’eux trône fièrement au Centre Pompidou, grâce au don des collectionneurs et amis du designer, Pierre et Alice Perrigault.
Jean-François Bellemère raconte ici sa rencontre avec le fauteuil, un texte profond, poignant, dans lequel il est facile de suivre l’auteur dans sa découverte inopinée. Le récit d’une rencontre qui, sans vouloir paraphraser, nous emmène dans une campagne quasi rustique, là où Jean-François n’aurait jamais pensé être rappelé à son activité de designer. Mais parfois, les grandes rencontres se font dans des lieux où l’on ne les attend pas. C’est ainsi que de fil en aiguille, depuis le restaurant du fils de J-P Barray jusqu’aux discussions avec des enseignants et amis designers qui finiront par le convaincre de redonner vie à ce bel endormi. On y découvre le brief initial, qui raconte à lui seul le fauteuil, son concept, ses ambitions : “faire rentrer dans le coffre d’une 2CV quatre fauteuils et une table fabriqués par la mythique entreprise Caddie.”
Dans le but d’être le plus fidèle possible à la proposition originelle, Penta 1970 propose également la table. Il est ainsi possible de partir faire un pique-nique 5 étoiles, comme dans les années 70. Sa conception lui permet d’être entièrement démontable, et d’être fabriqué à partir de savoir-faire simples, avec des matériaux qui le sont tout autant (fil d’acier 8mm). Il est ainsi entièrement fabriqué en France, et livré à plat.
Le montage est particulièrement bluffant, puisqu’une fois le volume monté, ce sont de simples baguettes de bois qui permettent à la toile d’être maintenue en place ; sans vis !
Penta 1970
Site web
Fauteuil – 585€
Table – 470€
Toile à l’unité (c’est aussi ça, la durabilité !) – 145€
Pour rappel, le site web de la maison d’édition de Jean-François Bellemère : ici