La revue d'architecture et de design
Tentez le compost dans votre cuisine avec Bono
Vous vous dites tous les jours que vous aimeriez avoir une attitude plus éco responsable mais vous ne savez pas comment vous y prendre ? Vous avez envie de développer votre talent de jardinier ?
Alors, Bono devrait vous intéresser. Ce composteur, créé par la designer polonaise Ala Sieradzka, complète l’offre d’Up et Green qui réinventait le jardin urbain. Bono, lui, a pour originalité de pouvoir trouver sa place dans les intérieurs et donc plus uniquement dans les jardins ou sur les terrasses. Idéal pour les citadins, il encourage tout un chacun à consommer davantage de produits frais qui pourront ensuite servir d’engrais pour faire pousser des plantes d’intérieur ou aromatiques, voire des fruits et légumes, et ainsi à contribuer à une réduction des déchets domestiques.
Ala Sieradzka nous explique son projet :
Comment avez-vous eu cette idée ?
Bono est mon projet de fin d’année pour mon diplôme de design de l’Académie des Beaux-Arts de Varsovie.
Le processus de design a été précédé par une étude approfondie des différents espaces de cuisine que l’on peut trouver dans les intérieurs et suite à cela, j’ai vu dans les ordures un véritable potentiel. En effet, aujourd’hui, il y a de plus en plus d’actions effectuées pour recycler tous types de déchets (comme le papier, le verre ou le métal) mais ici en Pologne le problème des déchets organiques n’est pas vraiment abordé. C’est pourquoi j’ai décidé de m’y intéresser et de mettre sur pied un projet qui pourrait changer les mentalités à ce sujet et ainsi de participer à la prise de conscience écologique.
De plus, l’exposition universelle de Milan qui a eu lieu l’an passé était entre autres dédiée aux problèmes de la qualité du sol et de la nourriture. Cela a confirmé ma pensée qu’il s’agissait d’un problème très important auquel les designers comme tout un chacun avait à faire face. Les projets mis en œuvre aujourd’hui se doivent d’avoir une vision de notre avenir commun.
Pour ce projet, il n’y a besoin d’aucun mécanisme complexe qui pourrait avoir un impact négatif sur le coût final du produit ou simplement rendre l’objet plus difficile à utiliser et donc moins accessible.
Lorsque je suis en train de réfléchir à mon design, je pense toujours en premier à des choses telles que la simplicité de mise en œuvre, la fonctionnalité, l’ergonomie et l’esthétique. Bono est une synthèse de ces éléments.
Pouvez-vous nous expliquer comment fonctionne Bono ?
Bono est un composter qui permet le recyclage des déchets organiques à l’intérieur même des foyers. Les meilleurs nutriments que vous pouvez y mettre sont les pelures de légumes et de fruits ainsi que le marc de café. A la fin de la journée, vous devez couvrir la surface par des coupures de presse, lettres inutiles ou papiers journaux. Le fait d’ajouter du papier a un effet bénéfique sur l’humidité du substrat et, plus important encore, est la base pour construire le matériel des cocons.
Mais avant d’avoir cette utilisation journalière du composteur, vous devez préparer le sol proprement en trois étapes :
1/ Alignez du papier sur le fond du composteur comme par exemple le journal du jour
2/ Aspergez de terre du jardin et de lambeaux de papier puis d’eau
3/ Ajoutez les vers de terre
Après avoir ajouté les déchets organiques, qui vont être traités par les vers de terre, le liquide en excès va couler jusqu’au fond à travers le trou du récipient principal et rejoindre le bol placé en dessous.
Il est bon d’observer les vers de terre qui vivent dans le composteur ainsi que le substrat dans lequel ils vivent. Si on peut observer des cocons, c’est le signe que les vers de terre se développent très bien. En effet, les vers de terre aiment les environnements humides, c’est pourquoi de temps en temps il faut asperger le substrat d’eau.
C’est après deux ou trois mois que vous pourrez commencer à récolter le fruit de votre labeur.
A qui s’adresse Bono ?
Il est destiné aux citadins, principalement ceux qui n’ont pas leur propre jardin et donc qui n’ont pas la possibilité d’avoir un composteur extérieur. C’est aussi un projet créé pour ceux qui sont conscients de l’impact de leurs activités sur l’environnement et les amoureux de la nature et de la nourriture saine qui adoreraient avoir un mini jardin sur leur balcon ou leur rebord de fenêtre. Les dimensions de Bono permettent d’obtenir un compost pour deux personnes.
Avez-vous éprouvé des difficultés pour concevoir ce produit ? Si oui, quelles étaient-elles ?
La clef, durant tout le processus de création, a été l’observation du fonctionnement de mon propre composteur. J’ai ainsi étudié la vie des vers de terre, étudié la littérature et les publications dédiées à leurs vies, observé le temps de traitement des déchets et remarqué les changements existants à l’intérieur de mon composteur. Ainsi, lors des vacances d’été 2015, j’ai passé deux mois à étudier la vie de ces organismes. J’ai utilisé un prototype que j’avais fait moi-même et en tant que designer, j’ai essayé de voir quels étaient les détails qui pouvaient contribuer à l’élaboration d’un bon design, ce qui pouvait distinguer mon produit de ce que l’on trouve habituellement dans le commerce.
Il n’y a aujourd’hui que quelques copies de composteurs en raison du processus de production et du coût de fabrication du moule pour la formation des parties en métal.
Comment avez-vous choisi vos matériaux ? Quelles sont leurs propriétés ? Sont-ils écologiques eux aussi ?
La plupart des composteurs d’intérieur disponibles actuellement sur le marché sont à base de plastique. Cela ne me semblait pas être un matériau éco responsable surtout pour ce type de projet qui a une visée écologique. Les autres composteurs, par exemple ceux réalisés en bois, ne sont pas pérennes, du fait que l’environnement dans lequel évoluent les vers de terre a besoin d’être humide. Or l’humidité déforme le bois.
Pour le moment, Bono n’est qu’un prototype. Certaines copies ont été faites en aluminium et sont enrobées d’une couche de poudre alimentaire. Si nous changeons de technologie de production, Bono pourrait être fait en acier inoxydable.
La base est, elle, fabriquée en liège expansé. Pendant que je travaillais sur le projet, j’avais envisager différents matériaux mais il me semblait que le liège expansé était le matériau le plus éco responsable. C’était différent pour le panneau en liège aggloméré qui contenait différents types de colles ou de résines comme l’adhésif pour granulés. Pendant la production des blocs de liège expansé, j’ai trouvé un adhésif naturel, la subérine, donc ce produit est 100% naturel. De plus, l’écorce des chênes liège grandit donc il n’est pas nécessaire de couper le tronc pour récolter l’écorce. Le liège est aussi un matériau très léger, que l’humidité n’attaque pas. Enfin, c’est un matériau antistatique donc pas besoin de l’épousseter !
Plus d’informations sur le designer : Ala Sieradzka
Merci à Camille V pour cette première contribution sur BED
BonjourOù peut on l’acheter et a quel coût ? Merci