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Urban Renaissance : la ville de demain d’après Dassault Systèmes illustrée par l’artiste coréenne Yiyun Kang
Il y a quelques jours, nous avons eu l’opportunité de discuter avec Victoire de Margerie et Jacques Beltran au sujet de la ville du futur, emmenée par Dassault Systèmes. La discussion a débouché par la présentation de l’oeuvre projetée en 3D par l’artiste coréenne Yiyun Kang. Récit.
Un jumeau numérique à l’épreuve des enjeux urbains d’aujourd’hui et de demain
Dans nos vies quotidiennes, et sans même qu’on s’en rende compte, Dassault Systèmes est partout. Un grand nombre de voitures entièrement conçues grâce aux solutions de l’éditeur de logiciels, même chose pour 80% des baskets que nous avons aux pieds, les chiffres sont vertigineux ! Pourtant, hormis les aficionados de logiciels de conception (dont nous faisons partie, nous devons l’avouer), qui est en mesure de décrire les activités du groupe français ?
L’occasion idéale pour nous de revenir en détail sur les caractéristiques et les ambitions de Dassault Systèmes, accompagnés par Victoire de Margerie, vice-présidente marketing, marques et communication, et Jacques Beltran, vice-président département villes et services publics.
“The only progress is human” Le ton est donné. Voici le fil rouge de Dassault Systèmes, qui met un point d’honneur à construire ses solutions autour de, avec et pour l’humain. Donner du sens à des solutions initialement très techniques, c’est l’objectif de cette campagne. C’est ainsi qu’en 2022, la restitution archéologique virtuelle de six sites du patrimoine mondial de l’UNESCO a vu le jour grâce au travail d’étudiants, par le biais du logiciel 3ds. “Cette année, le sujet sera la santé” nous confie Victoire de Margerie.
En attendant d’avoir plus d’éléments sur cette future partie de la campagne, intéressons-nous au sujet du moment : “Urban renaissance”. L’objectif est toujours le même : humaniser une entreprise capitale dans notre quotidien et dont les missions sont floues pour beaucoup de gens.
L’une des questions qui intéresse Dassault Systèmes est la manière dont les villes durables peuvent prospérer face aux défis contemporains. A l’heure actuelle, les villes émettent 75% des émissions de co2. D’ici 2050, c’est 58% des gens qui résideront en zones urbaines.
La force de l’entreprise française, c’est sa capacité à analyser, et à proposer à ses clients de tester une multitude de scénarios dans le monde virtuel. Ses clients ? Des particuliers, des collectivités, et des entreprises !
La fierté de Dassault Systèmes réside dans la mise au point d’un jumeau numérique, capable d’explorer finement les situations auxquelles les villes doivent faire face. Simuler pour pouvoir appréhender les impacts, qu’ils soient sociaux, écologiques ou démographique, c’est le but de cette technologie de pointe. Jacques Beltran est clair “On ne prétend pas être experts sur telle ou telle notion, mais nous sommes les meilleurs pour mettre en musique la simulation de scénarios autour d’un ensemble composé de ces différentes notions.”
Grâce au jumeau numérique, il devient factuellement possible d’améliorer la ville et d’en penser la version de demain. Un jumeau virtuel est une réplique 100% exacte, scientifique, de la réalité. Possibilité de jouer dessus pour simuler des cas de vie. Le cas des ZFE est particulièrement pertinent. Interdire les véhicules thermiques en ville, par palier, jusqu’à leur interdiction définitive au profit d’une mobilité électrique/douce, c’est le pari de nombreuses villes en France ; mais on se questionne souvent sur l’absence de moyens déployés pour faire face aux effets secondaires que supposent ces interdictions, qui sont par ailleurs extrêmement difficiles à doser, à prédire, surtout de manière précise et chiffrée. Avec des plans de mobilité complètement modifiés, les maires doivent prendre des décisions sans connaître les dommages collatéraux. Les jumeaux virtuels permettent de modéliser et d’opérer une politique basée sur la science. Elle est aussi une parfaite manière de communiquer à base de valeurs vérifiées avec les citoyens concernés par ces changements. Elle permet, à titre d’exemple, de modéliser le parc immobilier d’une ville, en dépense par bâtiment. L’objectif est de mieux comprendre, et de mieux utiliser l’infrastructure existante.
- A Singapour, l’expérience du jumeau virtuel est déjà une réalité
Après l’anticipation, vient le temps de l’action. Vertueuse, s’il en est. Mieux penser la ville de demain, c’est le défi de tout à chacun au sein des municipalités. Aussi, Dassault Systèmes a entamé une collaboration avec Egis et B4. Mandatés par l’Ukraine, ils sont chargés de constituer une analyse collaborative des dommages pour calculer les coûts de reconstruction, puis d’élaborer un plan directeur dans l’Oblast de Tchernihiv et la ville de Tchernihiv. Les trois protagonistes mènent en temps réel une analyse des dommages grâce à la plateforme “3D expérience”, un environnement collaboratif qui donne accès aux différents logiciels de Dassault Systèmes. L’analyse de données se fait grâce aux images satellitaires, et plus particulièrement grâce à une intelligence artificielle qui compare les images. Elle permet d’évaluer le coût des réparations alors même que le conflit est en cours.
Ces outils s’annoncent de plus en plus précieux face à la pression démographique, au dérèglement climatique. Mieux anticiper ces crises, pour améliorer la résilience des territoires. Le défi s’est posé pour la région Grand Est, dans le cadre de la gestion de la crise COVID. “On reçoit des données de l’agence de santé, mais on ne sait pas quoi en faire”. Grâce à un algorithme prédictif, les outils de Dassault Systèmes ont permis une meilleure gestion des ressources hospitalières.
L’exemple d’utilisation globale de Rennes
La ville de Rennes a fait appel à Dassault Systèmes il y a plus de 10 ans ; d’abord pour un projet de recherche autour des différents enjeux auxquels était confrontée la ville, jusqu’à devenir la première ville française à utiliser la technologie de jumeau virtuel proposée par le groupe. Les usages sollicités par la ville ? La requalification urbaine, notamment autour de l’imagination d’un quartier nouveau : Maurepas. La modélisation du quartier a permis jusqu’à la communication du projet avec les citoyens via la Maison du projet urbain de Maurepas. “Quoi de mieux qu’une 3D pour expliquer clairement les projets ?” nous demande Jacques Beltran. Le jumeau numérique, c’est aussi et surtout la possibilité de faire des simulations, de toute évolution, en voie d’être choisie ou en suspicion d’être subie. A Rennes, ce qui intéresse la municipalité, c’est notamment de savoir comment réagir dans le cas d’une crue de la Villaine. Qui est touché, dans quelle mesure, comment anticiper et préparer une crise éventuelle ? Autre sujet, autre simulation: les rénovations énergétiques. Où investir ? Quels logements ? Quelles priorités ? Quels ordres de grandeur pour le parc locatif, pour le parc privé ?
Pour aller plus loin que les solutions, Dassault Systèmes souhaite proposer du conseil, clés en main. S’il est acquis que Airbus achète les logiciels pour les opérer par lui-même, que Rennes et Singapour sont également dimensionnés pour le faire, d’autres collectivités, plus petites, peuvent être intéressées par l’étude directement. Et ce, notamment par l’obligation de concevoir un plan climat-air-énergie territorial (PCAET), tous les 5 ans. L’entreprise souhaite pouvoir aider les collectivités à définir des PCAET cohérents, constructifs, qui servent réellement le territoire.
Pour expliquer de manière métaphorique l’apport du jumeau numérique, Jacques Beltran prend l’exemple d’une citadelle Vauban, commandée par Louis XIV (la municipalité), par ces mots “le jumeau numérique, c’est la maquette de la citadelle, le savoir-faire de Vauban intégré et l’avenir de la citadelle”. L’objectif est d’intégrer des enjeux précis (mobilité, végétalisation) dans une vision globale.
Puisqu’il n’y rien de mieux que les exemples pour illustrer des solutions, on vous en propose un dernier qui nous semble tout aussi intéressant : les équipes du groupe français œuvrent également à Kyoto, main dans la main avec NTT, opérateur téléphonique local. L’ambition est de pouvoir prédire l’impact des inondations, en proposant des simulations. S’il venait à y avoir une inondation, les habitants seraient prévenus via leur smartphone, de manière à pouvoir être évacués, le tout en leur présentant la route optimal pour se faire, en fonction du traffic et des contraintes en temps réel. Une solution globale entre anticipation et gestion de crise qui permet à Dassault Systèmes de revenir sur sa recherche constante de partenaires, appuyant sur le fait que leurs équipes ne détiennent que la capacité à offrir une vision globale, qui se doit d’être appliquée, localement, par des partenaires.
La projection 3D de l’artiste coréenne Yiyun Kang pour illustrer les enjeux de “Urban Renaissance”
Yiyun Kang est une artiste coréenne qui milite pour faire passer des messages qui lui sont chers. Spécialiste du 3D mapping, elle partage les mêmes idées de ville idéale que les équipes de Dassault Systèmes. La projection se devait d’avoir lieu à Séoul, une ville moderne, innovante, située sur un continent où l’urbanisation est un vrai sujet (Chine, Inde), où Dassault Systèmes souhaite apporter ses solutions pour construire des villes durables et écologiques. La projection de Yiyun Kang prend naturellement place sur le DDP, comprenez Dongdaemun Design Plaza, colossal complexe multifonctions conçu par Zaha Hadid Architects grâce à Catia, une solution Dassault Systèmes.
Le récit visuel tend à souligner l’importance d’une meilleure qualité de vie, à la source des ambitions de Dassault Systèmes. Il se décompose en 4 étapes :
- 1 – l’univers (espace, temps, matière)
- 2 – la bio-inspiration (doit s’inspirer de la nature pour améliorer son système de mobilité)
- 3 -une ville nouvelle (via le jumeaux numérique de Dassault Systèmes, la ville s’apaise, se fluidifie)
- 4 – le progrès (les citoyens qui détiennent les clés du progrès, l’humanité s’épanouit)
Une oeuvre pleine de poésie dont on vous laisse admirer les moindres détails, à défaut de pouvoir l’apprécier en vrai, grandeur nature.
Merci aux équipes de Dassault Systèmes, et particulièrement à Victoire de Margerie et Jacques Beltran pour leurs explications et leur bienveillance.
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