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Citroën C5X : tapis volant et design dans la même phrase, c’est possible
L’approche de Citroën qui se définit comme une marque progressiste, est à plus d’un égard intéressante pour sa traduction en matière de design. On se dirige aujourd’hui dans la région de Barcelone, où Citroën nous a laissé le volant de la C5X, le nouveau fleuron de la marque.
“La version Hybride 225 est équipée de suspensions à butée hydraulique pilotée.” Le ton est donné. La C5X, c’est le retour de Citroën sur le segment D. Un segment D affaibli, notamment par l’ultra-croissance des ventes de SUV, que Citroën entend pourtant remettre sur les rails, non plus avec une simple proposition mais avec un “concept”, un véhicule plus disruptif. En effet, la C5X tient son X de la croisée des chemins à laquelle est est postée, entre le segment D et le segment C. Le segment C est représenté par les SUV, appréciés pour la posture de leur carrosserie qui leur confère beaucoup d’attractivité. Le segment D est quant à lui partagé par les berlines, élégantes et statutaires, et les breaks, reconnus pour leur praticité et leur habitabilité.
C’est de ces éléments que la marque aux chevrons est partie avec l’espoir d’avoir trouvé la formule magique. Pour ne rien vous cacher, l’équation fait déjà recette, notamment chez Ford avec l’Evos, chez Renault avec l’Arkana, et bientôt chez Peugeot avec le 408 Crossover ; mais il faut avouer, qu’entre tous, notre C5X nous emmène plus volontiers sur la voie d’un concept multi-usage par lequel elle se définit que sur celle d’un désormais banal SUV coupé. Le design est de fait plus que primordial dans ce type de véhicule nouvelle génération. Il offre la capacité d’optimiser les meilleurs usages des 3 segments pour les réunir, mais également sur une partie esthétique, la possibilité pour Citroën de créer une carrosserie détonante qui nous ramène instantanément dans l’histoire de la marque.
Le segment D berline est en perte de vitesse depuis plusieurs années, fortement concurrencé par la croissance des suv qui ont apporté de belles choses pour les utilisateurs sans pour autant tous les fidéliser définitivement. S’est alors posée la question de ce qui justifiait la fidélité d’une partie des clients sur le segment D berline. Les clients ont été unanimes ; recherche d’élégance, d’habitabilité, expérience de voyage, le confort, le fait de sortir de la voiture sans “descendre” mais en restant au même niveau ; autant d’éléments qui ont conforté Citroën dans l’idée de proposer une berline réinventée. La marque estime que 21% des clients de la C5X pourraient être issus du segment D berline, 25% du segment D break, et une autre large part pourrait quant à elle venir du segment C SUV.
L’histoire de Citroën, c’est une multitude de concepts un peu fous, proposés en série, qui ne connaîtront, pour une partie d’entre eux, jamais le succès escompté. Du risque, qui à chaque époque sortait un peu le véhicule de sa seule condition d’automobile ; mais ce sont finalement ces mêmes concepts qui font aujourd’hui l’héritage d’une histoire automobile généraliste de haute volée. Traction, DS, CX, XM, C6, toutes sont liées par leur ligne et plus encore par leur opposition à ce qui est attendu. On se plaît à retrouver cette idée dans la C5X, la figure de proue d’une gamme osée, au style affirmé, qui renoue en revanche avec l’héritage des grandes berlines. Par ses lignes, la C5X se fait l’héritière de celles qui ont fait l’histoire de la marque, tout en reprenant les traits du meilleur de sa supposée destinée, on pense bien évidemment au concept car Cxperience. Cette ambivalence est assumée ; on la retrouve dans le lieu qui nous accueille, un hôtel contemporain adossé à un monastère plusieurs fois centenaire.
Au programme, toujours de la douceur, de la rondeur, “les lignes ont été remplacées par des muscles” selon les mots de Stéphane Cesareo, le directeur de la communication Citroën. On se plaît à noter la simplicité, qui fait du bien aux yeux, particulièrement dans la teinte Gris Amazonite. A noter que la C5X, et c’est peut-être un pas de côté par rapport aux modèles qui ne font pas partie du haut de la gamme, a été dessinée comme un produit “très automobile”, bien davantage que la C4 par exemple ; et c’est vrai que si le style ne rassemble pas, il a le mérite de faire échanger les passionnés d’automobile autour de ses lignes.
On a pu discuter avec Pierre Leclercq, directeur du style Citroën, pour qui il est important de souligner que la C5X est avant tout une silhouette unique et pas banale. A l’image de ce que fut la 2CV, le type H ou encore la traction, Citroën appelle ses designers à déroger à la règle de banalisation esthétique du marché des généralistes, rappelant notamment le concept Ami. Plus qu’un concept de mobilité, il s’agit d’ailleurs d’un module 100% digital, de la configuration à l’organisation de la livraison en passant par le financement. Aussi, Pierre Leclercq, à qui l’on doit la première génération du BMW X6, tient à rappeler que le travail des proportions a été capital pour la C5X et qu’il a fallu travailler en amont, avec les ingénieurs pour pouvoir développer une architecture spécifique à la typologie du véhicule. De fait, tout a été pensé, de la place et du confort au place arrière, un coffre péninsulaire, une aéro optimisée. Il nous confie également l’importance de cohérence entre l’avant et l’arrière, notamment en matière de signature lumineuse.
Sur le plan stratégique des motorisations, la nouvelle C5X profite de l’expérience du C5 Aircross dont 50% des ventes sont des versions hybrides rechargeables. On nous apprend par ailleurs que 41% des kilomètres parcourus par les C5 Aircross hybrides rechargeables le sont en électrique. Une donnée récoltée par des capteurs intégrés au véhicule, qui permet à Citroën de continuer à croire à l’intérêt de cette technologie face aux autres possibilités d’électrification qu’offre le marché. Toujours selon la data, la recharge s’effectue quant à elle 6 fois tous les 10 jours. La technologie hybride rechargeable permet aux clients Citroën d’effectuer les trajets courts et/ou réguliers en électrique, tout en offrant la possibilité d’effectuer de plus longs trajets grâce au moteur thermique.
A l’intérieur plus qu’ailleurs, les maîtres mots sont définitivement confort, sérénité et bien-être. Les volumes sont plutôt aériens, le grand écran horizontal est une vraie réussite ; on aimerait dire la même chose du GPS intégré qui ne nous détournera définitivement pas des applications de guidage de nos téléphones. Tout est à base de chevrons, du traitement graphique des inserts aux perforations des sièges ; c’est un parti pris intéressant, qui habille de différentes manières sans en faire trop.
C’est définitivement à l’intérieur que le confort prend tout son sens, toujours avec les sièges spécifiques, une acoustique particulièrement travaillée avec un vitrage à isolation renforcée et bien évidemment les fameuses suspensions à butée hydraulique, pilotées uniquement sur la version hybride rechargeable. Associées à la motorisation hybride qui épaule une EAT8 capricieuse, elles transforment la voiture ; là où la version PureTech 180 pourrait quasiment être décevante vis-à-vis de la fiche technique, la version hybride rechargeable 225 brille et mérite d’être affublée de la mention “tapis volant”. Le confort de roulage est impressionnant et la voiture s’avère assez constante en conduite dynamique, toujours à condition de ne pas aller chercher un tempérament sportif.
Reste que le tarif de notre version hybride rechargeable avoisine les 50.000 euros. Une somme qui sera nettement dégrossie notamment en flotte par la possibilité d’opter pour une version Puretech de 130 ch. Notons également que le modèle est déjà disponible depuis plusieurs mois en Chine, où il est d’ailleurs fabriqué. 12.000 commandes ont déjà été passées. Une stratégie qui montre les ambitions de Citroën au-delà du sol européen avec des taux de croissance qui ne cessent de croître.
© Texte et photographies par Matthieu Coin
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